Intervention de Pierre Dharréville

Séance en hémicycle du lundi 14 juin 2021 à 16h00
Financement de la recherche vaccinale contre le covid-19

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Dharréville :

Les Big Pharma ont touché beaucoup d'aides publiques, y compris dans notre pays – je pense au CIR, mais pas seulement –, et l'on peut s'interroger sur l'efficacité des crédits qui ont été ainsi alloués, un peu à l'aveugle, sans vérifier leur efficacité. L'exemple de Sanofi a été évoqué, avec 300 postes de chercheurs supprimés dans notre pays cette année, mais cela fait suite à des suppressions antérieures dans le domaine de la recherche, et pas simplement de la production.

Nous sommes dans un système où ces grandes entreprises se sont parfois déchargées de leurs responsabilités et de leurs risques sur des entreprises dites start-up, ce qui correspond à une financiarisation de la recherche plutôt inquiétante du point de vue des enjeux auxquels nous devons faire face. Peut-on s'en remettre à cette chaîne telle qu'elle est organisée ?

Je souligne également la nécessité d'investir massivement dans le secteur public. Les chiffres ont été donnés tout à l'heure : un retard important a été pris au cours des dernières années en raison du sous-financement de la recherche publique. J'en veux pour preuve le cas de Bruno Canard, chercheur à l'université Aix-Marseille, qui travaillait sur les virus à ARN, dont font partie les coronavirus, et dont les recherches n'ont pu aboutir faute de pouvoir être approfondies. En 2014, le CNRS avait alerté – en vain – le ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation sur la nécessité de renforcer la recherche dans ce domaine.

Aujourd'hui, un réinvestissement massif dans la recherche fondamentale est indispensable, à des fins d'anticipation, dans le cadre de programmes de long terme. Quelles sont vos intentions en la matière ? Quels leviers pourraient être actionnés pour favoriser la recherche en biologie et en santé en associant toute la chaîne de la recherche et du médicament ? Nous ne pouvons plus nous contenter de financements sur appels à projets : nous devons revoir la politique de recherche en santé. Une impulsion publique serait sans doute utile pour lancer une nouvelle dynamique, par exemple sur les vaccins à ARN messager, qui pourraient faire l'objet d'un dispositif public particulier, ou sur les biotechnologies, dont vous venez de parler, pour lesquelles les outils existants mériteraient d'être mobilisés avec plus de force.

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