Intervention de Philippe Berta

Séance en hémicycle du mercredi 9 juin 2021 à 15h00
Bioéthique — Article 14

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Berta, rapporteur de la commission spéciale :

Je tiens à venir au secours de la collectivité scientifique, car les scientifiques sont des gens pleinement responsables. Vous avez cité les organismes de recherche et, de fait, la recherche que nous évoquons aujourd'hui se fait dans des institutions publiques très armées sur le plan éthique, avec les comités d'éthique de l'INSERM, l'Institut national de la santé et de la recherche médicale, et du CNRS, le Centre national de la recherche scientifique, et, bien sûr, au-delà des organismes particuliers, le CCNE, le Comité consultatif national d'éthique.

Vous demandez une suspension et, si nous avions eu ce débat voilà quelques années à propos de la thérapie génique, vous auriez probablement demandé la même chose. Or, nous disposons aujourd'hui sur le marché de seize thérapies accessibles aux enfants atteints de centaines de maladies génétiques, et que 1 200 sont en phase 3 à travers le monde. Notre priorité doit être de penser à ces 3 millions d'enfants qui souffrent de maladies génétiques rares. Trois millions d'enfants, cela veut dire que 20 millions de Français sont concernés.

On peut certes suspendre les travaux et, du reste, la communauté scientifique mondiale a su le faire lorsque cela s'est révélé nécessaire. Je me souviens en effet que, dans les années 1970, la conférence d'Asilomar avait prescrit un arrêt pendant un an pour réfléchir aux techniques et aux applications du génie génétique. Cela, on sait donc le faire.

Aujourd'hui, la réflexion éthique est menée. Si nous interrompons les travaux, les quelques entreprises du secteur vont évidemment fermer, et les collègues scientifiques, que je connais par cœur, vont prendre leurs cliques et leurs claques et partir continuer leurs recherches à l'étranger, avec les conséquences que l'on peut imaginer pour les 3 millions d'enfants concernés.

À mes yeux, la solution que vous proposez n'est pas bonne, et j'émets donc un avis défavorable.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.