Intervention de François Ruffin

Séance en hémicycle du mercredi 12 mai 2021 à 15h00
Égalité économique et professionnelle — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Ruffin :

Il y a un an, le Président de la République déclarait : « notre pays tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal ». Parmi ces femmes, ces premières de cordée dont le nombre est massif, on comptait les auxiliaires de vie sociale (AVS), qui ont poursuivi leur mission auprès de nos aînés – bien souvent sans masque, sans gants, sans protection ; on comptait les assistantes maternelles, qui ont continué à accueillir les enfants d'enseignants et les enfants de soignants ; on comptait les agents d'entretien, qui ont continué à nettoyer l'Assemblée nationale, les gares et tous les bureaux en utilisant, en plus, du virucide. Autant de métiers qui sont massivement féminins – entre 85 et 99 % de femmes – et fortement dévalorisés tant sur le plan de la reconnaissance que de la rémunération, avec bien souvent des horaires de travail qui s'étendent du matin au soir avec des contrats à trous.

À la fin du mois, ces salariées ne touchent même pas un SMIC, alors qu'elles exercent des métiers qui, pour reprendre les propos du Président de la République et la Déclaration universelle des droits de l'homme, relèvent de l'utilité commune, qui devrait être le seul fondement des distinctions sociales. Le texte que nous examinons s'attache à instaurer une égalité entre les hommes et les femmes, à poste équivalent. Mais sans revaloriser tous les emplois qui sont massivement féminins – agents d'entretien, assistantes maternelles, auxiliaires de vie sociale –, on passe à côté d'un pan énorme de l'inégalité entre les femmes et les hommes.

Pourquoi ces emplois sont-ils dévalorisés ? Parce qu'ils sont féminins, parce que dans l'inconscient collectif, au fond, les femmes s'occupent depuis des siècles des enfants, des personnes âgées, des malades. Elles l'ont fait jusqu'ici gratuitement et bénévolement ; comme on les paie désormais un peu, elles n'auraient pas à embêter le monde ? Je regrette tout de même que depuis un an, rien n'ait été fait…

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