Intervention de François Ruffin

Séance en hémicycle du jeudi 6 mai 2021 à 9h00
Revenu de solidarité active pour les jeunes de 18 à 25 ans — Présentation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Ruffin, rapporteur de la commission des affaires sociales :

Pourquoi jusqu'à 25 ans les jeunes sont-ils exclus du RSA ? Pourquoi cette discrimination par l'âge ? Quelle décision politique étrange tout de même et qui dure ! Une mesure, supposée lutter contre la pauvreté, écarte les plus frappés par cette pauvreté. Elle évite ce qui devrait être sa première cible, elle se met volontairement à côté de la plaque.

Mais au-delà, parents, grands-parents, je vous demande de faire pour la jeunesse ce que d'autres avant vous, avant nous, ont fait pour la vieillesse. Après la seconde guerre mondiale, dans une France exsangue, qu'ont décidé nos anciens ? De mettre en place un vaste plan de sécurité sociale, avec notamment les retraites, avec le minimum vieillesse. Et ce fut un miracle. Depuis des millénaires, vieillesse signifiait pauvreté dans les milieux populaires. On vieillissait, quand on avait la chance de vieillir, aux crochets de ses enfants ou de la charité. C'était la norme qui appartenait au paysage. Et voilà qu'en trente ans, cette malédiction séculaire fut brisée. Dès les années 1970, le taux de pauvreté chez les personnes âgées fut divisé par quatre, il a glissé sous la moyenne nationale. Et pourquoi ? Comment ? Parce qu'on est passé d'une solidarité familiale à une solidarité nationale, à une solidarité sociale.

C'est le même mouvement qu'il nous faut poursuivre aujourd'hui pour la jeunesse, car les statistiques se sont inversées : c'est chez les jeunes désormais que la pauvreté est massive, quatre fois plus élevée que chez les retraités. C'est chez les jeunes désormais que cette pauvreté est devenue la norme, qui ne choque plus, qui appartient au paysage. Et ce sont les jeunes désormais qui vivent aux crochets de leurs familles, un peu ou beaucoup, selon les fortunes. Pour les plus aisés, leur loyer est payé. Pour les autres, ils sont dépannés d'un sac de courses. Cette solidarité familiale inégale ne suffit pas. Là encore, il nous faut aller vers une solidarité sociale, une solidarité nationale, il nous faut un socle offert à toutes et tous, pour se former, pour se loger, pour se soigner, pour découvrir notre pays, pour s'envoler du nid.

C'est dans la pire des épreuves, à la sortie de la nuit nazie, que notre pays s'est grandi. À notre tour, dans l'épreuve que nous endurons, dans l'épreuve que traverse notre nation, de nous grandir pour notre jeunesse, pour nos enfants, pour nos petits-enfants.

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