Intervention de Frédérique Dumas

Séance en hémicycle du lundi 3 mai 2021 à 22h00
Stratégie de réouverture des lieux de culture

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédérique Dumas :

Mon collègue Christophe Naegelen et moi-même n'auront donc pas de réponses à nos questions… Dommage !

J'en viens à ma deuxième question. Aller au cinéma est le deuxième loisir interdit qui manque le plus aux Français – à 63,6 % d'entre eux –, après aller au restaurant ou au café – à 82,4 % d'entre eux. Vous l'avez souligné, madame la ministre, les films s'entassent chez les distributeurs. Pas moins de 420 films seraient sur les étagères, à comparer aux 370 films sortis en 2019.

C'est la raison pour laquelle la médiatrice du cinéma a saisi, au mois de février, l'Autorité de la concurrence pour lui demander qu'une entente soit trouvée entre les distributeurs sur un calendrier de sortie des films afin de préserver la diversité de l'offre et la plus large diffusion possible des films. Dans son avis rendu le 16 avril, l'Autorité de la concurrence a estimé qu'une telle entente pouvait être autorisée dans le contexte exceptionnel que nous connaissons, mais elle a précisé que ce calendrier ne pouvait être que volontaire. La décision relevant de l'échelon individuel, pour chaque film et pour chaque entreprise, comment accepter de sacrifier des investissements d'un côté et des talents de l'autre ? Selon quels critères ? Avec quelle légitimité ?

Même si un tel accord voit le jour, il y aura de toute façon des films sacrifiés. Avant la crise, le nombre de films qui sortaient chaque mercredi constituait déjà un enjeu majeur et le mécanisme en vigueur conduisait à sanctionner très vite un film qui ne remplissait pas un nombre suffisant de fauteuils par salle. Que dire d'une salle à jauge réduite ?

Le choix de la date et le nombre de copies sont des éléments stratégiques. Là encore, les décisions prises fin janvier de laisser la courbe de contamination monter et de continuer à recourir au vaccin AstraZeneca, dont il est établi qu'il ne protège pas contre les variants, ne permettent pas de donner de la visibilité aux acteurs. Les salles ouvriront, mais rien ne garantit qu'elles resteront ouvertes ou que les jauges pourront augmenter. Or seule la visibilité permettrait d'étaler les sorties de films. Face à cette incertitude, ne faudrait-il pas travailler au plus vite sur la situation financière des distributeurs et des producteurs pour les aider à tenir dans le temps, en menant une réflexion sur les frais financiers, la bonification du fonds de soutien et le maintien des aides transversales, ce qui permettrait de rendre viable l'étalement des sorties de films ?

Si les producteurs et les distributeurs ne récupèrent pas leurs investissements, ils n'investiront pas dans d'autres films. Après un trop-plein de films, nous risquons alors d'être confrontés à un manque de films.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.