Intervention de Aude Bono-Vandorme

Réunion du mercredi 23 février 2022 à 17h00
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAude Bono-Vandorme, rapporteure :

Ces faiblesses expliquent pour une part les résultats très contrastés des missions et opérations européennes. Nous avons décidé de nous concentrer sur trois missions, EUFOR Althea, EUTM Mali et EUTM RCA, avec cette limite qu'en raison du contexte sanitaire en France et politique sur place, nous n'avons pu aller dans les pays concernés.

Lancée en 2004, l'opération EUFOR Althea a pris relais de la force de stabilisation de l'OTAN qui assurait, depuis décembre 1996, le maintien de la paix en Bosnie-Herzégovine et la bonne l'application des accords de Dayton.

Comptant aujourd'hui 600 hommes, les trois objectifs assignés à la mission dans son mandat ont été, dans une large mesure, atteints :

– l'objectif principal du maintien de la paix en Bosnie-Herzégovine est incontestablement satisfait, le pays connaissant depuis des années maintenant une situation sécuritaire stable, malgré des poussées de tensions ;

– l'objectif de déminage est largement satisfait. 4 000 km2 étaient initialement minés. 75 % ont été déminés à ce jour ;

– enfin, l'essentiel des armes de petit calibre a été répertorié et stockées. S'agissant des armes de gros calibre, elles sont inutilisables en pratique et 96 % des munitions ont été détruites.

Ayant largement atteint ses objectifs, la question pourrait se poser d'une fin de l'opération EUFOR Althea. Toutefois, celle-ci n'est pas à l'ordre du jour. En effet, bien que stable aujourd'hui, la Bosnie-Herzégovine est un État très fragile, très pauvre et soumis à des forces centrifuges très fortes. Il est donc probable que l'opération se poursuive jusqu'à l'adhésion du pays à l'Union européenne qui, elle aussi, est loin d'être à l'ordre du jour.

La mission EUTM Mali a été lancée en 2013. Elle vise à reconstruire les Forces armées maliennes (FAMA) afin d'en faire une armée efficace capable de rétablir l'intégrité territoriale du pays et d'en assurer seule la sécurité.

Même si nous n'avons pu nous rendre sur place, nous avons recueilli des échos plutôt positifs sur le fonctionnement de cette mission, jusqu'aux évènements récents, bien sûr. 36 000 soldats ont été formés par EUTM Mali, qui constituent l'ossature des FAMA. Si l'accompagnement au combat n'est pas possible, le retour d'expérience est assuré par Takuba et Barkhane, qui sont en mesure d'évaluer et de conseiller les soldats maliens. L'élargissement de la mission à deux pays voisins, le Burkina Faso et le Niger est en cours. La régionalisation d'EUTM Mali a également progressé, en articulation avec Barkhane et en appui du G5 Sahel.

Toutefois, malgré neuf années d'effort et des progrès certains, les FAMA ne sont toujours pas en mesure d'assurer seules, sans l'aide des forces françaises et européennes ainsi que celle de la MINUSMA, la sécurité du pays et encore moins dans les régions les plus au nord soumises à la pression des groupes armées.

Évidemment, la mission EUTM Mali subit le contrecoup de l'aggravation des tensions entre la France et le Mali. En effet, l'avenir de Barkhane et de Takuba a été scellé le 17 février 2022 par l'annonce du retrait des forces françaises et européennes et leur probable redéploiement, dans un format encore à préciser, dans les autres pays du Sahel.

Dès lors, l'avenir d'EUTM Mali, s'il n'a pas encore été tranché, apparaît largement compromis. Non seulement le groupe russe de mercenaires Wagner, appelé dans le pays par la Junte, prend une place toujours plus importante au sein des FAMA mais sans le soutien de Barkhane et de Takuba, l'efficacité de la formation est largement remise en cause. La ministre allemande de la Défense, Mme Christine Lambrecht, s'est d'ailleurs déclarée, dès l'annonce du retrait des forces françaises et européennes, « très sceptique » sur la poursuite de la mission qui devrait faire l'objet, prochainement, de discussions au COPS.

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