Intervention de Catherine Coutelle

Réunion du jeudi 17 mai 2018 à 11h05
Groupe de travail sur le statut des députés et leurs moyens de travail

Catherine Coutelle, présidente de l'Association des anciennes députées :

. Nous en avons connu dans ce cas ! Le bilan de compétence me paraît tout à fait indispensable. Réapprendre à faire un CV est aussi très important pour un député. Je vous livrerai l'anecdote suivante : une ancienne députée de 53 ans fait son CV et l'envoie à sa fille, qui lui dit qu'il ne vaut rien. Une fois le CV refait par sa fille, cette ancienne députée a eu trois propositions en huit jours, dont une qui a abouti à une embauche. Y a-t-il une aide pour cela ? Non.

Je rejoins ce que disait M. Blessig : que ce soit grâce à un cabinet de conseil lié à l'Assemblée, ou grâce à une aide permettant de choisir son cabinet, un accompagnement pour constituer son CV sera bienvenu. Pôle emploi est démuni devant des profils d'anciens députés ; il leur répond que leur carnet d'adresses devrait suffire et qu'il ne peut rien pour eux. L'Association pour l'emploi des cadres (APEC) a été contactée, mais, l'Assemblée n'adhérant pas à l'APEC, elle ne peut conseiller les députés.

L'ARE ne prend pas en charge les frais de déplacement. L'une de mes collègues, qui habite dans le Sud, souhaiterait travailler dans le secteur public, alors qu'elle vient du privé. Elle doit se rendre régulièrement à Paris, et elle paie elle-même ses déplacements ; or, les déplacements pour certains entretiens sont pris en charge par Pôle Emploi. Des dispositions spécifiques sont nécessaires.

Les difficultés de réintégration, que ce soit dans le secteur privé, public ou parapublic, sont réelles. Dans une chambre de commerce et d'industrie, une ancienne députée est mise au placard ; son poste, en cinq ans, a été réattribué, ce qui est tout à fait normal. Cela finit par une rupture conventionnelle. Une autre députée, dans une agence d'État, retrouve son précédent poste, en milieu de hiérarchie, alors qu'elle a assumé de nombreuses responsabilités au cours de son mandat. La situation met tout le monde mal à l'aise, car elle en sait désormais beaucoup plus que son supérieur. Ainsi, même dans le secteur public, la réintégration ne va pas de soi. Pour beaucoup de professeurs, par exemple, il peut être difficile de reprendre une classe.

Votre groupe de travail a une grande responsabilité. L'Assemblée nationale est aujourd'hui beaucoup plus jeune, beaucoup plus féminisée, et vient plus du secteur privé : les difficultés seront sûrement plus grandes à l'avenir. René Dosière m'a indiqué que seuls sept ou huit députés ont touché l'ARE pendant trois ans, jusqu'à la fin de leurs droits – nous sommes loin des fantasmes diffusés dans l'espace public. La plupart des anciens députés concernés avaient retrouvé un travail un an après la fin de leur mandat – cela va d'ailleurs à l'encontre de mes propos précédents – et très peu ont touché l'indemnité jusqu'au bout, qui était d'ailleurs dégressive.

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