Intervention de Rémi Lefebvre

Réunion du jeudi 15 mars 2018 à 14h05
Groupe de travail sur la procédure législative et l'organisation parlementaire et les droits de l'opposition

Rémi Lefebvre, professeur de science politique à l'Université de Lille II :

Je suis tout à fait d'accord, ces interactions dans les permanences parlementaires se manifestent moins par un soutien qui va débloquer une situation que par un rôle de facilitateur, d'orientateur ou de médiateur. On se tourne vers le député car d'autres possibilités de recours ont disparu. Je travaille aussi sur les partis politiques, et les réseaux militants se sont affaiblis. Or une grande part de ce travail de médiation sociale passait par les intermédiaires qu'étaient les militants des partis politiques, et qui n'existent plus forcément aujourd'hui.

J'aurais tendance à répondre de la même manière en ce qui concerne le temps du débat en circonscription. Ces débats sont de plus en plus techniques, et au fond, est-ce que l'affaiblissement des partis politiques n'est pas un élément important ? Les formes d'éducation populaire ou de médiation avec les citoyens, qui passaient traditionnellement par les partis politiques, n'existent plus forcément. Des travaux ont été faits sur les ateliers législatifs réalisés par les députés en circonscription ; très souvent, on y trouve des gens très diplômés et intéressés par la politique. On s'adresse à une population qui n'est pas forcément représentative socialement.

Monsieur Waserman, vous évoquiez le rôle de passerelle, le circuit court entre les citoyens et la fabrication de la loi. Les associations sont effectivement des partenaires des députés, et le rôle du député est aussi de traduire les lois dans la vie des gens de la circonscription. Mais est-ce que votre expérience est transposable à tous les députés ? Est-ce que les associations vont avoir le même empressement à contribuer à un atelier législatif lorsqu'il est animé par un député de l'opposition, qui n'aura pas de possibilité d'influer ? L'abaissement du rôle du Parlement que vous évoquiez a été intériorisé par beaucoup d'acteurs locaux. Comment penser que les interactions avec le député comptent quand le député lui-même a peu d'emprise sur la loi ? Il faut aussi intégrer l'idée que la dévaluation de l'activité parlementaire est intériorisée par beaucoup d'acteurs.

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