Intervention de Philippe DULUC

Réunion du jeudi 21 octobre 2021 à 9h30
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Philippe DULUC, Chief Technology Officer Big Data and Security chez Atos :

. ‑ Mesdames et Messieurs les députés et sénateurs, je vous remercie d'avoir invité Atos à témoigner de l'avancement du Plan Quantique et de sa propre stratégie de développement autour du quantique. J'évoquerai notre stratégie Atos Quantum et ferai un focus sur les partenariats et les financements.

Atos est un grand groupe international dédié à la transformation digitale avec plus de 100 000 employés et 11 milliards d'euros de chiffre d'affaires. 235 millions d'euros ont été dépensés en 2020 sur la R&D. Il est aujourd'hui impossible de survivre dans la compétition internationale sans investissement important sur l'innovation et la R&D, car la seule manière de se différencier est d'avancer et de conserver sa place face aux géants américains (GAFA) et aux acteurs chinois en plein développement.

Le programme Atos Quantum a démarré en 2016 et est parti du constat suivant : Atos est leader dans le marché des supercalculateurs et seul constructeur européen – je souligne l'usage de souveraineté des supercalculateurs en sécurité et simulation nucléaire – et constate que le quantique disrupte le domaine du HPC, car il permet d'accélérer les calculs, alors que ceux des supercalculateurs deviennent difficiles à accélérer à cause de la difficulté croissante à avoir des puces performantes.

La deuxième raison pour laquelle Atos investit dans le quantique est la cybersécurité, dans laquelle Atos est leader européen. Les technologies quantiques disruptent également ce domaine, face aux risques de décryptements quantiques et d'algorithmes cryptographiques qui pourraient mettre en danger la sécurité d'internet. Atos a été dans l'obligation de définir un plan pour se développer dans le domaine du quantique. Ce plan a été lancé par Thierry Breton, qui était PDG d'Atos en 2016, en s'appuyant sur un conseil scientifique indépendant dont Cédric Villani a fait partie.

Ce conseil a mis en place un plan d'action résumé ainsi :

Dès 2017, Atos a commercialisé l'Atos QLM (Quantum Learning Machine), un serveur permettant aux utilisateurs de programmer des algorithmes quantiques, de les optimiser et de simuler leur exécution comme s'ils tournaient sur un ordinateur quantique. Cette machine est vendue dans le monde entier, par exemple à des laboratoires fédéraux américains.

Les recherches sur le HPC hybride se sont poursuivies, en examinant comment incorporer l'accélération quantique dans nos supercalculateurs. En 2023, nous serons en capacité de fournir un supercalculateur accéléré par du quantique. La stratégie d'Atos est de ne pas investir sur les processeurs quantiques, mais sur la partie logicielle, intégration et calculs et de s'appuyer sur des partenariats en identifiant des fabricants de processeurs (Pasqal, Quandela, le CEA et d'autres start-up françaises et européennes). Nous estimons qu'au moins une technologie émergera en 2023 et pourra accélérer les capacités de nos supercalculateurs.

Nous avons mis en place une activité de conseil en 2020, qui a déjà plusieurs clients. Elle est basée à Grenoble.

Enfin, sur les produits de cybersécurité, notre choix a été d'aller vers la cryptographie post-quantique, dans l'objectif de rendre tous nos équipements de cybersécurité résistants aux attaques quantiques, en implémentant des standards en cours de validation (développés par NIST) dont la publication est attendue entre 2022 et 2024.

Le financement de la R&D est essentiel pour ne pas se faire distancer par les concurrents internationaux. Atos consacre chaque année un flux constant de financement sur fonds propres à ses activités quantiques et de cybersécurité. De 2015 à 2017, 100% de cet effort a été fourni sur les fonds propres du groupe. Atos a mis en place une équipe d'une vingtaine de personnes (laboratoire Atos Quantum) composée de physiciens, mathématiciens et spécialistes de l'informatique, qui dépose des brevets et publie des articles. Atos est le premier déposeur européen de brevets sur le calcul quantique.

À partir de 2018, Atos a commencé à bénéficier de compléments de financement issus de l'ANR, du PIA, et de la région Ile-de-France. À partir de 2019, Atos a bénéficié de compléments de financements européens notamment via le Quantum Flagship, dans lequel Atos est présent avec quatre projets (AQTION, PASQuanS, NEASQC et QLSI). L'impact de ces compléments de financement n'est pas négligeable. Par exemple, le QLM est capable de simuler l'exécution mathématique d'un programme, ainsi que les caractéristiques physiques du qubit ; l'obtention d'un financement de type AQTION a permis d'ajouter dans le QLM la simulation des ions piégés ; avec PASQuanS, nous avons pu y ajouter la simulation des atomes froids pour faire de la simulation hamiltonienne. Les compléments de financement permettent d'accélérer la feuille de route et d'ajouter des fonctionnalités.

Le projet européen HPC-QS, sous l'égide du European High-Perfomance Computing Joint Undertaking (EuroHPC JU), a vocation à équiper les États membres en supercalculateurs avec un financement de 50% de l'Union et de 50 % des États. EuroHPC est orienté sur les supercalculateurs et a pris en compte avec HPC-QS la dimension quantique. Atos a obtenu conjointement avec Pasqal un financement de HPC-QS pour mettre en place une capacité d'accélération dans un supercalculateur.

À partir 2021, les compléments de financement proviennent également de la Stratégie nationale des technologies quantiques.

Atos continue à répondre aux différents volets (NISQ, LSQ, formation et cryptographie post-quantique). Atos participera au programme Grand Défi sur la plateforme nationale de calcul quantique hybride, répondra à l'AMI « métiers d'avenir » et à l'appel à projets « cryptographie post-quantique » et sera également présent sur le Grand Défi de passage à l'échelle du calcul quantique. Tout ceci nous aidera à accélérer et à améliorer nos projets, sur le plan tant des performances que des fonctionnalités. Trois start-up américaines sont aujourd'hui valorisées à plus de 1 milliard de dollars (IonQ, PsiQuantum et Rigetti Computing). Elles ont été créées en 2016 et deux d'entre elles entreront bientôt en bourse.

Le domaine des technologies quantiques est très complexe et rien ne peut se faire sans partenariats larges avec des institutions académiques, des start-up, des fournisseurs de technologies habilitantes. Les partenariats les plus emblématiques d'Atos sont les suivants :

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