Intervention de Pascale SENELLART

Réunion du jeudi 21 octobre 2021 à 9h30
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Pascale SENELLART, directrice de recherche au CNRS, professeure chargée de cours à l'École polytechnique et cofondatrice et conseillère scientifique de Quandela :

. ‑ Mesdames et Messieurs les députés et sénateurs, je vous remercie de m'avoir invitée à cette audition. Je suis directrice de recherche au CNRS, professeure chargée de cours à l'École polytechnique, cofondatrice et conseillère scientifique de Quandela. J'ai coordonné le centre quantique de Paris Saclay de 2018 à 2021 et j'ai, à ce titre, représenté les universités dans la task force qui a contribué à la mise en place du Plan Quantique. Je vais m'exprimer avec les deux points de vue, académique et applicatif.

La start-up Quandela développe un ordinateur quantique optique. Celui-ci utilise les particules élémentaires de lumière, les photons, pour encoder l'information et faire des calculs. Il s'agit d'une des deux seules plateformes au niveau international à avoir pu démontrer un avantage quantique en termes de calcul avec des portes logiques. Ce système présente des spécificités très importantes, car le photon est une particule sans masse ni charge et n'interagit pas avec l'environnement. Il s'agit d'un atout majeur pour ne pas être soumis à la décohérence. Cependant, l'ordinateur quantique optique est pensé et conçu différemment des autres plateformes car le photon ne se prête pas au cadre des portes logiques. D'autres développements, dans le cadre d'autres feuilles de route, sont lancés pour développer un calcul quantique universel à base de photons.

Ceci motive la création d'entreprises depuis un certain nombre d'années avec des acteurs majeurs en Amérique du Nord (PsiQuantum et Xanadu), mais également en Europe (Quandela en France, QUIX aux Pays-Bas, ORCA et Duality au Royaume-Uni).

L'ordinateur quantique optique est par essence modulaire. La source part de générateur de qubits (les photons) qui se propagent à la vitesse de la lumière et arrivent dans une puce dotée de circuits dans lesquels les photons sont guidés, interagissent les uns avec les autres et réalisent des opérations captées en sortie par des détecteurs.

Quandela a été créée en 2017 sur la base d'une rupture technologique réalisée au Centre de Nanosciences et de Nanotechnologies (C2N) sur la partie « génération de bits quantiques photon-uniques », une unité mixte CNRS/Université Paris Saclay. Cette technologie de rupture nous a conduits à créer une société qui commercialise et livre à l'international des générateurs de qubits photoniques aux équipes qui développent l'ordinateur quantique optique. En parallèle, nous avons décidé de nous lancer dans la création d'une petite plateforme de calcul, qui relève de la catégorie du Noisy intermediate-scale quantum (NISQ) computer, donc un calculateur de première génération. L'équipe de Quandela comptait en septembre une trentaine d'employés.

Les start-up du quantique ont bénéficié d'un fort soutien depuis le lancement de la réflexion nationale. En avance de phase du Plan Quantique, les outils étatiques de soutien des start-up ont bien joué le jeu : Quandela a obtenu le Grand Prix iLab en 2018 puis un certain nombre de financements par le PIA3 (iLab et i Nov) puis Innov'up, avec un co-investissement de la BPI. Elle a enfin obtenu depuis 2021 un certain nombre de soutiens via le Plan de Relance. Valerian Giesz, CEO de Quandela, a dit que « grâce au plan Deeptech, Quandela a pu lancer des projets ambitieux et nous espérons que ces projets seront soutenus par le plan quantique quand celui-ci sera opérationnel ».

Concernant la recherche sur le calcul quantique optique, toutes les start-up et tous les développements technologiques quantiques reposent fortement sur un lien avec les équipes académiques. Quandela s'intéresse donc également aux développements réalisés en recherche fondamentale sur le calcul quantique optique. Je salue les importants investissements annoncés sur la recherche publique, notamment via l'outil PEPR. Celui-ci se décline en deux parties : des « projets dirigés », pour lesquels les équipes identifiées ont déjà été financées, et des « appels à manifestation d'intérêt ». Quandela regrette que le calcul quantique optique n'ait été identifié que dans la seconde partie, qui n'a pas encore donné lieu à financements alors que le contexte international est très concurrentiel.

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