Intervention de Delphine Batho

Réunion du mercredi 5 janvier 2022 à 9h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDelphine Batho :

Le renoncement à l'interdiction du glyphosate est évidemment un symbole important de l'échec du quinquennat d'Emmanuel Macron en matière d'écologie, ainsi que de ses renoncements. On apprend ce matin dans Le Parisien que l'erreur aurait été d'avoir annoncé la sortie du glyphosate, et non de ne pas avoir mis en œuvre cette sortie.

Nos collègues de la majorité disent que des avancées ont été réalisées. C'est totalement faux ! La quantité de glyphosate utilisée en 2020 est la même qu'en 2017. Vous nous dîtes qu'il n'y a pas d'alternative au glyphosate. C'est faux ! Vous nous dîtes qu'il n'y a pas urgence pour le vivant et pour la santé. Je le dis avec respect pour MM. André Chassaigne ou Dominique Potier, qui nous parlent d'une sortie lente sur plusieurs années : nous sommes dans une situation d'urgence absolue d'extinction du vivant aujourd'hui, alors que le glyphosate détruit massivement la faune et la flore. On nous dit encore que l'interdiction doit se faire au niveau européen et non au niveau français. C'est faux ! La France était un des pays rapporteurs chargés de nourrir le dossier sur le renouvellement de l'autorisation du glyphosate, qui va être examiné en 2022. Qu'a fait la France ? Des manœuvres, caractérisées par des conflits d'intérêts et par le non-respect des règles de déontologie, ont eu lieu au sein de l'ANSES, au point que le CIRC a été mis en demeure par l'ANSES de collaborer avec Bayer Monsanto. Dans un tel contexte, le CIRC s'est retiré de la procédure et a refusé de mener les travaux scientifiques qui lui ont été demandés.

Si je vous disais que 99 % des études scientifiques indépendantes faites sur la covid-19 sont écartées du processus des décisions publiques, vous crieriez au scandale démocratique et scientifique. C'est pourtant ce qui se passe pour le glyphosate. Je voterai donc cette proposition de loi.

Malheureusement, il n'y a pas de séance de rattrapage du débat autour de l'amendement que j'avais présenté dans l'hémicycle au moment du vote de la loi EGALIM lequel, je le rappelle, n'a été rejetée qu'à une poignée de voix. Je me réjouis que cette proposition de loi soit mise à l'ordre du jour car elle a au moins pour vertu pédagogique de montrer les véritables clivages autour de l'écologie.

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