Intervention de Jean-Hugues Ratenon

Réunion du mercredi 5 janvier 2022 à 9h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Hugues Ratenon :

Cette proposition de loi est bienvenue car elle rappelle que le Président de la République n'a pas traduit ses annonces en mesures concrètes. En effet, le 27 novembre 2017, à la suite du renouvellement de l'autorisation de commercialisation du glyphosate par l'Union européenne, M. Emmanuel Macron s'exprimait publiquement à ce sujet. Je cite : « J'ai demandé au Gouvernement de prendre les dispositions nécessaires pour que l'utilisation du glyphosate soit interdite en France dès que des alternatives auront été trouvées, et au plus tard dans trois ans. » Nous sommes le 5 janvier 2022, soit plus de trois ans plus tard, et l'interdiction du glyphosate n'a toujours pas eu lieu. C'est pour cette raison que le groupe parlementaire La France insoumise a déposé cette proposition de loi visant à interdire la vente comme l'usage du glyphosate.

L'absence d'interdiction du glyphosate, pourtant promise par M. Emmanuel Macron, n'est qu'un exemple qui témoigne de son inaction. Rien que sur les questions agricoles et alimentaires, la liste des échecs et des renoncements du Président de la République et de son gouvernement est longue. On peut notamment citer la réintroduction des néonicotinoïdes tueurs d'abeilles, le refus d'interdire les fermes usines ou encore la création de la cellule Déméter de la gendarmerie, chargée de lutter contre les militants dénonçant l' agribashing et la maltraitance des animaux.

Cette proposition de loi est également bienvenue car elle permettra à la France d'être exemplaire à l'échelle européenne. En effet, la France pourra soutenir une position ambitieuse alors qu'elle préside le Conseil de l'Union européenne depuis le 1er janvier 2022 et que d'ici la fin de cette année, l'Union européenne doit de nouveau statuer sur la prolongation pour cinq ans de l'autorisation du glyphosate.

Surtout, cette proposition de loi permettra de mettre fin à l'utilisation du glyphosate, dont le risque est avéré pour la santé et l'environnement. Depuis 2015, le glyphosate est reconnu comme cancérogène probable par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), par le biais du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Pourtant, le glyphosate n'est toujours pas interdit par l'Union européenne ou par la France.

Nous refusons qu'il rejoigne la sinistre liste des scandales d'État, à l'instar du chlordécone, pesticide utilisé massivement dans les bananeraies des Antilles de 1972 à 1993. Bien que parfaitement averti des conséquences terribles de ce produit, puisque l'OMS l'avait classé comme pesticide hautement toxique dès 1979, l'État français a privilégié l'économie sur la santé. Pendant des décennies, le chlordécone a infiltré les sols et a pollué durablement l'eau. Il continue de rendre malades les populations antillaises, puisqu'il est la cause de nombreux problèmes sanitaires, comme les cancers de la prostate – dont les Antillais détiennent le record.

Enfin, cette proposition de loi est bienvenue car nous savons qu'il existe des alternatives aux pesticides et à ce modèle agroindustriel à bout de souffle, dont le glyphosate est le symbole. Dans un rapport publié en décembre 2017, l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), devenu INRAe, a confirmé la performance économique de l'agriculture biologique. Elle est davantage rémunératrice pour les paysans et permettra de créer des milliers d'emplois, tout en protégeant la biodiversité.

Pour l'ensemble de ces raisons, je soutiendrai cette proposition de loi.

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