Intervention de Laurent Bili

Réunion du lundi 2 novembre 2020 à 9h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Laurent Bili, ambassadeur de France en Chine :

Les sources de contamination en Chine ont pu être éradiquées, jusqu'aux plus profondes, grâce à la dureté des mesures d'isolement et à la pratique à grande échelle du dépistage.

L'épidémie a été très forte dans la province du Hubei avant de s'étendre dans d'autres provinces, un peu partout en Chine, mais ces foyers de contamination ont pu être éradiqués grâce aux mesures d'isolement et au dépistage, mené à grande échelle. Qui plus est, les Chinois, traumatisés par l'expérience du SRAS, ont effectivement attendu avant de ressortir, d'autant plus que nous étions en hiver. Cela a limité les foyers de contamination.

Concernant les transports, je n'irai pas jusqu'à dire que tout va bien. Nous comptons 94 % de vols en moins qu'avant la crise et les prix sont très élevés. Les voyageurs sont moins nombreux mais les résidents bloqués hors de Chine ont pu revenir, en général. Cette crise affecte lourdement les personnes qui mènent leur vie entre la Chine et un autre pays, en particulier les expatriés, car les allers et retours demeurent pratiquement impossibles. En tout cas, ils doivent se conformer à une stricte quarantaine et, en cas de diagnostic positif au covid, entrer dans un processus médical assez sévère, même s'ils sont asymptomatiques : ils sont d'abord envoyés dans un hôpital, puis dans une quarantaine centralisée, ensuite dans une quarantaine à domicile. Une personne testée positive s'expose à environ trois mois de retrait social. Les Français de Chine doivent donc bien réfléchir avant de rentrer en France.

Concernant la saturation des hôpitaux, le consul général ne parlait que de la situation à Wuhan, et non dans le reste de la Chine. Partout ailleurs, des hôpitaux se sont spécialisés dans la prise en charge des patients atteints du covid. En fonction des quartiers, des circuits ont été mis en place afin d'éviter que les populations médicales ne se croisent. Les systèmes de santé n'ont pas été saturés dans les autres provinces.

S'agissant d'éventuelles poches de contamination qui auraient échappé aux autorités, je pense que l'hypothèse est hautement improbable dès lors que les gens ont vocation à voyager, ce qui m'amène à vous répondre au sujet de l'application. En soi, son téléchargement n'est pas obligatoire mais les Chinois ne peuvent pas vivre s'ils ne l'ont pas. Ainsi, sans elle, ils ne peuvent pas prendre l'avion ou le train, ni entrer dans un certain nombre de lieux publics. Les contrôles sont plus souples en ce moment mais tant que la crise n'était pas finie, vous ne pouviez pas vous rendre au restaurant, à l'hôtel, dans les centres commerciaux ou dans les magasins d'approvisionnement. En outre, dans la plupart de ces lieux, des détecteurs de température ont été installés pour déceler automatiquement la moindre fièvre. Si vous êtes détecté, vous entrez d'autorité dans la chaîne médicale.

Le traçage a été particulièrement important. Dans les villes où sont apparus des cas – il y a un cluster en ce moment dans la ville de Kachgar, dans le Xinjiang –, les autorités ont testé toute la population et isolé les cas positifs, même asymptomatiques.

Les vaccins sont effectivement en phase 3. Les vaccinations ont été réalisées en parallèle. Le patron de Fosun, l'un des quatre producteurs de vaccins les plus avancés, a annoncé que si la phase 3 était un succès, il passerait en phase de commercialisation à la fin de l'année, ou en janvier 2021.

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