Intervention de Grégory Emery

Réunion du mardi 20 octobre 2020 à 18h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Grégory Emery, conseiller sécurité sanitaire au ministère des solidarités et de la santé :

Je ne peux pas vous répondre en ces termes-là. Je peux vous dire ce qui a été fait à partir du 2 janvier. La notification de l'OMS sur les 27 cas de pneumonie en Chine date du 31 décembre. Le mardi 7 janvier, est décidé un suivi quotidien par le DGS à la suite de l'identification, par les médecins chinois, d'un virus de la famille du coronavirus. On commence à parler de coronavirus à cette date ; auparavant, on évoquait une pneumonie inexpliquée.

Le 9 janvier, nous recevons, en plus des messages quotidiens, le premier message d'alerte formel du directeur général de la santé à l'intention de la ministre. Le vendredi 10 janvier, l'OMS publie des orientations techniques et rappelle que les données factuelles laissent à penser qu'il n'existe pas de transmission interhumaine ou que celle-ci est limitée – je rappelle que l'on pense alors que ce virus est lié à un marché de poissons de la ville de Wuhan. À partir de ce jour-là, le directeur général de la santé adresse à la ministre une note quotidienne.

Le 10 janvier, de premiers messages sont adressés aux agences régionales de santé (ARS) et aux sociétés savantes pour repérer les cas et indiquer la conduite à tenir. Des messages sont également adressés à Roissy-Charles-de-Gaulle concernant les avions à destination ou en provenance de Wuhan.

Le samedi 11 janvier, la séquence du virus est publiée. Le mardi 14 janvier, sont diffusés le premier message d'urgence aux professionnels de santé libéraux ainsi qu'un message d'alerte rapide aux établissements de santé, pour préciser la conduite à tenir et la définition des cas.

Le 17 janvier, date à laquelle je prends personnellement connaissance du dossier, un point complet m'est fait. Je rappelle, à cette occasion, que, dans son évaluation des risques, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), l'organisme d'évaluation des risques européen, estime qu'il n'y a « pas de notion de transmission interhumaine. Évaluation du risque d'importation dans l'Union européenne faible. »

Le mardi 21 janvier, on parle de 282 cas en Chine et de six décès. L'OMS n'évoque pas de risque épidémique hors de ce pays. En France, un cas probable est en cours d'exploration. Il existe alors une forte suspicion de transmission interhumaine ; cette information nous est communiquée de manière informelle, lors d'échanges avec des professionnels de santé. La ministre donne sa première conférence de presse et j'informe, avant cette conférence, le cabinet du Premier ministre, auquel j'adresse un premier point de situation, que je peux vous communiquer.

Le 22 janvier, l'OMS réunit les experts et décide de ne pas déclarer l'urgence de santé publique de portée internationale (USPPI), considérant que les critères ne sont pas réunis. Le même jour, bien que l'OMS ne déclare pas l'USPPI, la ministre décide d'activer le niveau 2 des CORRUSS : les centres opérationnels de crise se renforcent et l'ensemble des services interministériels concernés sont réunis le même jour.

Le 23 janvier, nous demandons – il s'agit du courriel auquel j'ai fait référence au début de cette audition – un point sur les masques. Le 24 janvier, Santé publique France est saisie sur la totalité de l'état des stocks. Ce même jour, un vendredi, entre dix-neuf et vingt heures, les trois premiers cas sont détectés en France. Les professionnels sont informés que la définition de cas évolue. La ministre informe – je peux en témoigner car j'étais présent – le Président de la République et le Premier ministre. Une réunion est organisée le lendemain matin par le cabinet du Premier ministre et, dès le dimanche, par Édouard Philippe, le Premier ministre. Santé publique France communique alors la note dans laquelle elle présente trois scénarios : dans le premier, l'impact est faible ; dans le deuxième, il est significatif ; dans le troisième, l'impact est majeur. Le scénario retenu à l'époque par Santé publique France est celui d'un impact significatif.

Le 27 janvier, le ministère de la santé active son centre de crise, avec une présence assurée 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. Ce n'est que trois jours après que l'OMS déclare l'USPPI.

Voilà le calendrier précis des actions telles qu'elles se sont déroulées. J'en rends compte à partir du 17 janvier. Après, quoi qu'il arrive, une chronologie et une main courante ont été élaborées tout au long de la gestion de crise, qui peuvent vous être communiquées.

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