Intervention de Virginie Lasserre

Réunion du mardi 13 octobre 2020 à 9h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Virginie Lasserre, directrice générale de la cohésion sociale :

Concernant le retard à l'allumage qui a pu être cité par une fédération par rapport à la gestion de la crise épidémique en EHPAD, je me permets de redire ce que je disais plus haut. On ne peut pas dire qu'il y a eu un retard dans la mesure où les premières consignes émises le 14 janvier par le ministère des solidarités et de la santé pour les établissements hospitaliers concernaient aussi les établissements médico-sociaux. Il s'agissait donc de consignes communes à l'ensemble des établissements, qui sensibilisaient les professionnels à la situation et aux recommandations sanitaires.

Ensuite, dès le 21 février, nous avons envoyé un message d'information global assorti d'un guide méthodologique à l'ensemble des fédérations des ESMS pour leur indiquer l'importance des gestes barrières, leur fournir des sites de référence et leur donner des consignes d'organisation pour faire face à l'épidémie.

En revanche, il est vrai que le secteur médico-social n'a pas reçu de masques pendant les quinze premiers jours de mars, parce qu'il devait déjà en disposer et parce que nos autorités politiques avaient fait le choix de sécuriser le système sanitaire. Pendant cette période, 25 millions de masques ont été distribués aux établissements de santé. En cas de situation tendue, les EHPAD pouvaient néanmoins se rapprocher des ARS pour obtenir des masques. La distribution massive de masques a commencé à partir du 16 mars pour ces établissements, avec 500 000 masques distribués par jour, soit 5 masques par lit et par semaine. Ce chiffre a augmenté lors du déconfinement, pour passer à 10 masques. La montée en charge a donc été importante, dès lors que nous avons pu disposer de nombreux masques.

S'agissant des consignes, je pense que nous n'avons pas eu de retard par rapport à la gestion de la crise épidémique. À titre d'exemple, nous avons confiné le 11 mars dans les EHPAD, contre le 17 mars pour la population générale, et avons déconfiné le 20 avril, contre le 11 mai pour la population générale. La gestion du médico-social ne semble donc pas – sauf par rapport aux masques – avoir été plus tardive que celle du reste des établissements de soins.

Vous m'avez interrogée par ailleurs sur les tests. Il faut revenir sur l'historique et sur la manière dont les tests ont été gérés, sachant que la DGCS n'est pas en première ligne dans ce domaine. Je me fais sur ce point la porte-parole de mes collègues.

Avant le 24 mars, les tests étaient orientés « diagnostic ». Puis ils ont été orientés pour qualifier l'évolution de l'épidémie dans tel ou tel secteur. Il a été donné alors pour consigne aux EHPAD de tester les trois premiers résidents dès lors qu'un cas se présentait, pour pouvoir évaluer la situation de l'épidémie. C'est à partir du 9 avril que la politique de tests a été élargie. La consigne a été alors de systématiser les tests, et de ne plus se cantonner aux trois premiers cas. Nous sommes à présent sur une politique majeure de tests en EHPAD. Sauf erreur de ma part, on comptabilise environ 7 000 dépistages en moyenne par jour actuellement dans ces établissements. Nous confirmerons ces données.

Le secteur médico-social souffre d'un déficit structurel de ressources humaines, qui a été absolument criant pendant la crise. Celle-ci n'a finalement fait qu'exacerber une situation déjà très complexe.

La réserve sanitaire ne répond que partiellement aux besoins du médico-social, les profils des personnes qui y sont inscrites n'étant souvent pas en adéquation avec les besoins des EHPAD. C'est pourquoi d'autres outils ont été développés pour venir en renfort dans ces établissements.

Pendant la crise, les ARS ont ouvert pour la première fois des plates-formes régionales pour renforcer l'ensemble des secteurs, dont le médico-social. On a recensé environ 4 000 appariements pendant la première vague. Cela s'est avéré très utile. De plus, à partir de fin août nous avons constitué une plate-forme nationale intitulée Renfort RH qui permet, en complément de la réserve sanitaire, de mobiliser de nombreux profils – des médecins, mais également des personnels non soignants, comme des cuisiniers. Plus de 5 000 personnes y sont inscrites. Pendant la crise, des étudiants, notamment infirmiers et aides-soignants, ont également été mobilisés. Cette mobilisation se poursuit, même si elle s'avère plus compliquée. Plus de 600 étudiants aides-soignants et infirmiers ont ainsi été mobilisés pendant la première vague en Île-de-France.

Outre la réserve sanitaire et Renfort RH, je me dois de citer la mobilisation majeure du service public de l'emploi, pour répondre aux urgences de recrutement qui se présentent dans l'ensemble du secteur médico-social.

Par ailleurs, plus de 20 000 personnels ont été « cas confirmés » dans les EHPAD. Dans nos dernières consignes, nous demandons l'exclusion des personnels positifs de ces établissements pendant sept jours. Nous vous confirmerons cela par écrit.

J'en viens à l'accès aux soins, notamment à l'hôpital, des résidents. Je rappelle que l'accès à l'hôpital dépend d'une décision médicale. La DGCS n'a jamais donné aucune consigne concernant l'admission à l'hôpital des résidents. Vous-même avez dit que de nombreux décès de résidents d'EHPAD avaient été recensés à l'hôpital, ce qui montre bien qu'il y a eu un nombre élevé de personnes hospitalisées.

De plus, entre le 18 mars et le 10 avril, période de forte croissance de l'épidémie, les personnes de plus de 70 ans représentaient 57,1 % des personnes hospitalisées pour covid en hospitalisation conventionnelle, ce qui montre bien que l'accès à l'hôpital a été tout à fait correct. En tout cas, nous n'avons pas eu d'alerte particulière par rapport à ce sujet. Le protocole du 1er octobre rappelle en outre que, dans la mesure du possible et en fonction des décisions médicales collégiales devant être prises, les personnes atteintes par la covid-19 en EHPAD doivent pouvoir être hospitalisées, si la situation le nécessitait.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.