Intervention de Dominique le Guludec

Réunion du mercredi 23 septembre 2020 à 17h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Dominique le Guludec, présidente de la Haute Autorité de santé :

Concernant les tests sérologiques, la HAS a été la première institution à livrer un avis, le 15 avril, sur les performances et la technique nécessaires pour les valider. Quelque temps après, la Food and Drug Administration (FDA) a accepté de mettre sur le marché un certain nombre de tests, dont certains se sont révélés mauvais et ont été rapidement retirés. Nous avons ensuite statué sur la stratégie d'utilisation.

Si les performances des tests avaient été proches les unes des autres, il aurait été aisé d'émettre un avis. Les laboratoires n'auraient eu qu'à vérifier qu'ils étaient bien dans les spécifications requises par la HAS avant de les distribuer. Mais les tests étaient extrêmement différents – c'est la raison pour laquelle certains pays ont rencontré de grandes difficultés –, certains ayant des sensibilités à 30 %, d'autres à 90 %. Les CNR ont donc été chargés de les évaluer un par un. Aujourd'hui les choses sont plus simples : l'industriel l'auto-déclare et l'ANSM vérifie que le test correspond bien aux spécifications.

Concernant nos relations avec les autorités sanitaires internationales, nous entretenons de nombreux échanges avec d'autres agences d'évaluation, dans le cadre du consortium EUnetHTA – European network for health technology assessment, ou réseau européen pour l'évaluation des technologies de la santé. Sur la base du volontariat, les agences sanitaires nationales s'associent pour mener des évaluations communes de médicaments, de dispositifs médicaux ou d'actes professionnels. Elles travaillent ensemble, se posent mutuellement des questions et partagent leurs documents – qui, malheureusement, ne sont pas toujours traduits. L'EUnetHTA a permis de jeter les bases des accords proposés par la Commission européenne sur des évaluations communes.

S'agissant des tests sérologiques, s'ils pouvaient aider à établir un diagnostic rétrospectif, ils ne répondaient pas à la question de savoir si la personne était malade et contagieuse. Dans les EHPAD, en dehors d'une enquête épidémiologique pour savoir si un certain nombre de résidents avaient contracté le covid-19, ce type de test ne permettait pas de gérer les résidents et de savoir s'ils étaient malades, contagieux, etc.

Concernant la production d'anticorps, nous ne savons pas combien de patients produisent des anticorps, tous patients confondus. Les réponses sont très diversifiées entre un patient présentant des symptômes, parfois graves, et qui doit être hospitalisé, et le patient ambulatoire. Or, dans le monde entier, les premiers résultats portaient sur les malades hospitalisés car c'étaient ceux que l'on testait.

Encore aujourd'hui, nous avons du mal à obtenir des données sur les patients asymptomatiques. Nous savons très peu de choses. Par exemple, ils ne développent pas systématiquement d'anticorps et au bout de trois mois, 80 % de ceux qui en ont produit n'en ont plus. Il existe d'autres défenses immunitaires, notamment l'immunité cellulaire, mais quoi qu'il en soit, l'immunité humorale ne dure pas très longtemps.

Cependant, cela ne préjuge absolument pas de l'efficacité d'un vaccin. Il existe des maladies pour lesquelles nous ne développons pas d'anticorps, mais pour lesquelles un vaccin peut être efficace. Je ne dis pas qu'un vaccin contre le covid-19, si nous en trouvons un, sera efficace, mais que nous devons rester optimistes malgré cette réponse immunitaire partielle. Aujourd'hui, trente-neuf essais cliniques sont en cours, et chacun surveille de très près à la fois leur sécurité et leur efficacité.

Concernant les réinfections, nous trouvons quelques cas dans la littérature de patients qui ont eu à nouveau des symptômes avec une PCR positive. Mais nous n'en savons pas plus.

Enfin, il ne m'appartient pas, en tant que présidente d'une institution, de juger si le Président de la République a bien fait, ou pas, de s'entourer d'un conseil d'experts. Nous avons été saisis à de multiples reprises sur des questions très pratiques concernant la gestion de cette crise, et nous avons répondu à toutes ces sollicitations. Je pense que nous avons démontré notre capacité à répondre rapidement et de façon fiable. Je ne sais pas si nous aurions pu faire plus, mes équipes étant déjà très sollicitées.

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