Intervention de Dominique le Guludec

Réunion du mercredi 23 septembre 2020 à 17h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Dominique le Guludec, présidente de la Haute Autorité de santé :

Le forfait innovation est une prise en charge dérogatoire d'un dispositif médical ou d'un acte innovant, avant qu'il ne figure sur la liste des produits ou des actes remboursables. Il s'agit d'une aide à la recherche pour des produits qui ont une suspicion d'efficacité, qui sont très innovants et pour lesquels il y a un besoin immédiat.

Le forfait innovation a été réactivé par la HAS de façon à faciliter certaines études et orienter les industriels pour qu'ils se présentent ensuite devant la commission avec les éléments qui leur seront demandés. Ce dispositif, bien connu des industriels, est particulièrement adapté pour les tests salivaires, différents critères étant réunis : un besoin de santé publique, des tests innovants et peu de données dans la littérature. Nous avons ainsi pu accélérer ce protocole, le forfait innovation donnant la possibilité au ministère de la santé de payer tous les consommables.

Les tests sont l'un des piliers de la lutte contre cette épidémie. Nous savons de façon sûre que le test PCR nasopharyngé est la référence, même s'il présente des inconvénients. Non seulement certains patients le tolèrent mal – enfants, personnes âgées, autistes, personnes psychotiques –, mais il nécessite un professionnel de santé et une infrastructure. Des solutions visant à améliorer la logistique et à faciliter les tests ont donc été évaluées. Concernant la sérologie, les communautés scientifiques ont, à un moment, espéré élaborer un « passeport immunitaire », attestant de l'immunité des personnes. Cependant, nous nous sommes aperçus que certains patients ne développaient pas d'anticorps, que d'autres en développaient en faible quantité et que ces anticorps n'étaient actifs que quelques mois. Nous disposons, par ailleurs, de cas documentés de réinfection.

Les tests ont été qualifiés en avril et la doctrine d'utilisation en mai. Ils ont servi à effectuer des diagnostics de rattrapage, car nous n'avions pas accès aux tests PCR au début de l'épidémie : les personnes dont l'état ne nécessitait pas une hospitalisation devaient rester chez elles. Les anticorps se développant une dizaine de jours après les symptômes, nous pouvions effectuer un diagnostic rétrospectif.

Des tests ont également été pratiqués à l'hôpital, pour des patients qui n'avaient pas bénéficié d'un test PCR et se présentaient le huitième ou le dixième jour avec des complications, ainsi que pour les patients en ambulatoire qui souhaitaient savoir s'ils avaient contracté la maladie.

Désormais, la situation est différente, la capacité d'effectuer des tests PCR étant bien plus importante qu'en mars et en avril. Cependant, leur intérêt a baissé puisque nous savons que les anticorps ne confèrent pas une immunité longue et solide.

Quelles sont les deux voies d'amélioration des tests PCR nasopharyngés ? Tout d'abord, les tests salivaires facilitent énormément le prélèvement : déposer de la salive dans un tube et l'amener au laboratoire évite les files d'attente. De plus, les données sur l'efficacité de ce test sont tranchées : la sensibilité est bonne chez les patients symptomatiques, et mauvaise chez les patients asymptomatiques. Nous avons donc publié, la semaine dernière, des recommandations sur la bonne utilisation du test salivaire.

La deuxième amélioration concerne l'élaboration de tests rapides. Il en existe de plusieurs sortes mais ceux qui sortiront les premiers sont les tests antigéniques : une goutte de sang au bout du doigt suffit. Ils auront l'avantage d'être réalisés rapidement chez un professionnel de santé ou un pharmacien et permettront d'éliminer les pathologies autres que le covid-19 ; c'est une bonne chose à l'arrivée de l'hiver et donc de la grippe, des rhinites, etc. Cependant, un test positif doit être confirmé par le test de référence (TDR).

Nous sommes attentifs, grâce à notre veille, à tous les résultats qui sortent et nous nous prononçons dès que nous le pouvons, pour déterminer la stratégie d'utilisation la plus efficace possible.

S'agissant des EHPAD, est apparu le problème d'une possibilité de rupture de stock pour le midazolam. Nous avons donc travaillé à des alternatives et rendu un avis pour aider les professionnels de santé à pallier une éventuelle insuffisance de cet anxiolytique.

En ce qui concerne les complications post-covid, elles sont de différentes natures. Certaines sont apparues dans les semaines qui ont suivi un épisode aigu, tel qu'une inflammation artérielle importante chez l'enfant, pour laquelle nous avons désormais une littérature et des données de prise en charge. Nous voyons également apparaître une symptomatologie plus atypique, traînante, faite de fatigue et de douleurs, qui nous fait penser à la maladie de Lyme. À ce stade, nous avons assez peu de littérature sur ces symptômes.

Enfin, concernant les propos du professeur Raoult, son attaque était infondée et non documentée. Les procédures mises en place à la HAS sont extrêmement rigoureuses sur cette question, aussi bien pour le collège que pour les salariés ou pour tout expert participant à l'élaboration ou à l'adoption d'un avis. Ces procédures sont publiées dans un guide et s'appuient sur une méthode très rigoureuse. La HAS est, au niveau international, l'une des agences les plus sévères dans l'analyse des liens d'intérêts.

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