Intervention de Wilfried Fonck

Réunion du mercredi 19 février 2020 à 15h35
Commission d'enquête chargée de faire la lumière sur les dysfonctionnements ayant conduit aux attaques commises à la préfecture de police de paris le jeudi 3 octobre

Wilfried Fonck, secrétaire national de l'Union fédérale autonome pénitentiaire :

Monsieur le rapporteur, vous avez mis le doigt sur la vulnérabilité face à la radicalisation ou aux nombreux autres risques envisageables. On touche ici au cœur du problème du recrutement dans l'administration pénitentiaire. Pour intégrer la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ou la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), il y a une enquête de quatre mois et des entretiens de sécurité avant et après l'enquête. On n'y fait pas entrer tout le monde et n'importe qui.

Si l'on veut vraiment lutter contre les vulnérabilités des personnels de l'administration pénitentiaire, il faudra donc, à un moment donné, se prendre par la main et créer un service de contre-ingérence. C'est évident.

Tout à l'heure, on a parlé de 10 à 30 personnels radicalisés : 10 selon le directeur de l'administration pénitentiaire, 30 selon les bruits de couloir. La vérité se situe entre les deux.

S'agissant de l'affaire d'Argentan, il faut attendre les retours de l'enquête judiciaire en cours pour voir s'il y a un lien avec une quelconque activité terroriste car, tout à l'heure, lorsque j'ai parlé d'absence de porosité, je visais uniquement les actes de terrorisme.

S'agissant du niveau de recrutement, j'indique que certains surveillants terminent leur carrière en tant que directeurs des services pénitentiaires. Cela montre que l'on peut très bien entrer dans l'administration pénitentiaire en tant que surveillant avec un faible niveau de diplôme et finir directeur.

Quant au nombre de détenus radicalisés mais non terroristes, on se situe dans une fourchette entre 1 500 et 2 000, même si l'administration parle de 900 parce qu'elle a ses propres critères liés à la nécessité de donner un chiffre qui soit bien en-deçà de ce que les organisations syndicales peuvent annoncer, tout simplement parce qu'elle ne veut pas créer de structure spécifique et adaptée totalement étanche pour accueillir ce genre de population.

Enfin, former les gens aux signes de radicalisation, c'est bien, mais quand vous sortez de cette formation, vous vous posez encore plus de questions que lorsque vous êtes arrivés. En la matière, l'administration a de gros progrès à faire, le premier d'entre eux étant de cesser de parler de radicalisation et de mettre le doigt sur ce qu'est la menace contre laquelle on souhaite lutter. Tant qu'on emploiera ce mot de radicalisation et qu'on ne dira pas qu'il s'agit d'islam politique et militant, on ne s'en sortira jamais.

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