Intervention de Françoise Bilancini

Réunion du mardi 21 janvier 2020 à 18h30
Commission d'enquête chargée de faire la lumière sur les dysfonctionnements ayant conduit aux attaques commises à la préfecture de police de paris le jeudi 3 octobre

Françoise Bilancini, directrice du renseignement de la préfecture de police :

Non, ils étaient engagés depuis longtemps. Dès mon arrivée, j'ai souhaité entamer des travaux sur la partie sécurité des systèmes d'information et réseau, installer de nouveaux locaux, durcir les conditions d'accès. J'ai proposé en 2018 d'inscrire ces travaux au budget, ce qui a été validé : en octobre dernier, l'attribution de locaux clairement déterminés, la mise aux normes IGI 1300 du réseau étaient déjà en cours. L'attentat est intervenu alors que nous étions en pleine phase de durcissement et d'amélioration – depuis 2018 pour les bâtiments, depuis le commencement de l'année 2019 pour l'informatique. Ces améliorations se poursuivent, mais assez lentement, puisqu'elles impliquent des travaux lourds d'infrastructures et de câblages. Ces derniers doivent être effectués par des entreprises habilitées.

Parallèlement, nous avons introduit des modifications dans l'organisation, qui supposaient une nouvelle gestion des ressources humaines. Comme je vous l'ai indiqué lors de la première audition, je comprends aujourd'hui que Mickaël Harpon a nourri une certaine frustration devant ces évolutions. Il a vu passer un train qui allait un peu trop vite pour lui. Alors qu'il possédait des compétences qui lui étaient « personnelles » et qui correspondaient à un niveau d'exigence relativement peu élevé, il a assisté au changement de taille du service et à sa professionnalisation – aux côtés de policiers ou d'agents administratifs qui faisaient de l'informatique ont été recrutés comme contractuels des ingénieurs informaticiens dont c'était le métier.

J'ai été très prudente, car il est délicat de dire à des policiers qui ont très bien fait leur travail depuis des années : « Écoutez les gars, on monte à l'étage supérieur maintenant, on va prendre des gens différents ! ». J'ai eu la chance d'avoir devant moi deux personnes très allantes : le chef de section, que vous avez auditionné, et son adjoint, malheureusement décédé. Eux-mêmes m'ont dit qu'ils avaient besoin de ces changements et ils ont accueilli les jeunes ingénieurs à bras ouverts. Je voulais qu'il y ait dans la section, qui est en train de devenir un département, cette double culture.

Mickaël Harpon voulait participer à ce projet. Mais son handicap physique l'isolait et empêchait sa bonne compréhension lors des réunions de travail. Il avait demandé à bénéficier d'un interprète en langue des signes, ce qui n'était pas toujours possible. Lui-même voulait progresser : il avait l'intention de passer le concours de technicien des systèmes d'information et de communication (SIC). Il s'inscrivait donc dans une perspective de qualification, à la fois pour être associé au projet et pour améliorer sa rémunération, car il avait aussi des projets personnels – tout cela, je l'ai découvert après coup.

Avec l'arrivée de nouvelles recrues et d'outils performants, du niveau d'un service de renseignement, Mickaël Harpon a vu passer un train plus moderne, plus professionnel et plus complexe. Il a dû se sentir un peu perdu, probablement.

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