Intervention de élisabeth Borne

Réunion du mardi 18 mai 2021 à 17h15
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

élisabeth Borne, ministre :

Monsieur Raphan, Cédric O et moi sommes totalement convaincus de l'existence de nombreuses possibilités d'emploi dans le secteur numérique. Il est important d'avoir à l'esprit que, dans les domaines du big data ou de l'intelligence artificielle, nous n'avons pas seulement besoin d'ingénieurs. Du reste, les structures que vous avez mentionnées mettent en valeur les talents de jeunes qui n'ont pas nécessairement fait d'études scientifiques. Avec des méthodes différentes de celles de l'enseignement académique traditionnel, elles parviennent à amener vers ces secteurs d'avenir des jeunes qui n'ont pas de diplômes académiques d'un niveau très élevé.

Parce que nous y croyons beaucoup, le numérique est largement présent parmi les 100 000 places de formation qualifiante prévus dans le plan de relance. Une place importante lui est faite dans tous les avenants que nous avons signés avec les conseils régionaux. Nous finançons également un abondement de 1 000 euros sur les comptes personnels de formation des jeunes qui veulent s'engager dans des formations numériques, parce que ce sont des métiers qui recrutent, dont l'avenir ne fait pas de doute. Par ailleurs, les gouvernements successifs ont soutenu la Grande École du numérique depuis sa création, en 2016. Ce label regroupe des acteurs de la formation qui savent trouver des approches différentes et qui ont montré leur capacité à amener vers les métiers du numérique des jeunes dont le profil est différent de celui auquel on pense habituellement. Avec Cédric O, nous préciserons les modalités de notre soutien à la Grande École du numérique – nous avons d'ailleurs prévu un déplacement ensemble cette semaine. C'est un secteur en plein développement dans lequel beaucoup d'emplois ne sont pas pourvus ; il faut absolument permettre aux jeunes de se saisir de ces opportunités.

Monsieur Gaultier, je suis très mobilisée pour la jeunesse, mais je ne suis pas chargée du logement des jeunes. Je préfère donc laisser ma collègue Emmanuelle Wargon vous répondre à ce sujet. Cependant, dans ce domaine, nous devons travailler main dans la main avec les collectivités. J'ai récemment passé en revue avec Action Logement tous les dispositifs destinés à accompagner les jeunes dans l'accès à leur premier logement. Je pense, par exemple, à l'aide de cent euros par mois dont bénéficient les apprentis, qui peuvent avoir besoin de trouver un hébergement pour suivre leur formation. Ne pas habiter à proximité d'un centre de formation d'apprentis ne doit pas constituer un frein dans l'accès à l'apprentissage. La garantie Visale, qui se développe rapidement, permet à Action Logement de se porter garant pour tous les jeunes de moins de 30 ans. S'agissant des résidences pour jeunes en projet ou en construction, Emmanuelle Wargon pourra mieux vous renseigner que moi. Avec la mobilité, le logement est une des conditions nécessaires pour accéder à une formation et à un emploi.

Le mentorat est un dispositif très important. Son développement sera facilité par la mise en relation entre les mentors et les « mentorés » sur le site « 1 jeune, 1 solution ». Cette plateforme doit devenir le réseau de ceux qui n'en ont pas. Pour un jeune dont les parents n'ont pas tous les repères, il est fondamental de bénéficier du réseau et des conseils d'une personne expérimentée lors de l'entrée dans la vie professionnelle. Le Gouvernement, le Premier ministre et le Président de la République croient dans le mentorat : nous nous sommes donné pour objectif de faire bénéficier de ce dispositif 100 000 jeunes en 2021 et 200 000 en 2022.

Je vous rassure, il s'agit évidemment d'accompagner les jeunes issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville, mais aussi ceux des territoires ruraux. Nous sommes très attentifs à la situation des jeunes les plus fragiles mais aussi de ceux qui vivent dans les territoires les plus fragiles. Ainsi nous intégrons systématiquement dans les politiques que nous déployons un volet consacré aux quartiers prioritaires de la politique de la ville et un autre consacré aux zones de revitalisation rurale. Mon collègue Joël Giraud, qui est chargé du développement de l'emploi dans le monde rural, et moi-même avons évoqué avec l'association des maires ruraux le dispositif du volontariat territorial en administration, qui permet aux jeunes d'accéder à un emploi dans les collectivités du monde rural et donne à celles-ci les capacités d'ingénierie nécessaires pour s'emparer des dispositifs inclus dans le plan de relance, en particulier ceux relevant de mon ministère.

J'ajoute, puisque l'artisanat a été évoqué, que nous ne nous occupons pas que des grandes entreprises : nous avons conclu un partenariat avec les boulangers, qui sont présents sur tout le territoire et souhaitent s'engager pour l'emploi des jeunes. Parmi les dispositifs particuliers prévus pour les quartiers prioritaires de la politique de la ville et les zones de revitalisation rurale, on peut citer la prise en charge à hauteur de 80 % des parcours emploi compétences (PEC), ce qui représente un soutien massif à ces emplois aidés dans les territoires ruraux. Avec Joël Giraud, nous sommes également très mobilisés pour mieux faire connaître les emplois dans le monde rural.

À ce propos, l'apprentissage est essentiel dans le secteur agricole, où les nombreux départs à la retraite posent le problème du renouvellement des générations. L'apprentissage s'y caractérise par un maillage territorial très dense, grâce à trois cents lieux de formation disposant de capacités d'hébergement et de restauration. C'est un outil formidable dont nous devons pleinement nous emparer. L'enseignement agricole accueille à ce jour près de 37 000 apprentis répartis dans 140 centres. Le nombre d'apprentis a augmenté de 8 % entre 2019 et 2020, et une progression importante, de 11 %, a aussi été constatée dans les cycles diplômants des écoles d'ingénieurs qui relèvent du ministère de l'agriculture. Dans la loi de 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel, nous avons veillé à donner aux régions les moyens de soutenir les centres d'apprentis dans le monde rural pour répondre au mieux aux besoins de formation de ces secteurs dont, avec le ministère de l'agriculture, nous travaillons à soutenir les emplois.

Madame Colboc, le site 1jeune1solution.gouv.fr va permettre une montée en puissance immédiate du simulateur d'aides. Nous souhaitons, avec Sarah El Haïry, intégrer dans ce dispositif une aide à l'orientation ainsi que les aides apportées par les collectivités, qui sont des partenaires essentiels pour offrir aux jeunes l'accompagnement global dont ils ont besoin.

Madame Calvez, il est vrai qu'il existe des freins particuliers au développement de l'apprentissage dans le secteur de la culture, notamment parce qu'un jeune qui s'y engage a souvent de nombreux employeurs. Des solutions ont toutefois été trouvées : la CinéFabrique, à Lyon, pourrait porter les contrats de plusieurs employeurs. Un autre frein tient à l'exigence d'un quota de 400 heures d'emploi pour les jeunes en apprentissage. Un travail est en cours sur les diplômes ouverts à l'apprentissage. Ce ne sont pas des sujets simples, mais Roselyne Bachelot et moi sommes déterminées à faciliter le développement de l'apprentissage dans le secteur de la culture, car il peut devenir une voie importante pour faciliter l'accès des jeunes à ce domaine d'activité.

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