Intervention de Karine Lebon

Réunion du mercredi 10 février 2021 à 9h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaKarine Lebon :

Ma question porte sur la scolarisation des jeunes sourds ou malentendants, dont le droit fondamental à l'éducation est assuré depuis 2005 par la loi pour l'égalité des droits et des chances des personnes handicapées.

Parmi les parcours scolaires en milieu ordinaire offerts aux familles, citons le pôle d'enseignement des jeunes sourds (PEJS), dont les contours sont précisés par la circulaire du 3 février 2017. Ce dispositif permet de regrouper, dans un secteur géographique donné, les ressources nécessaires à l'accompagnement des élèves sourds, dans le but de leur offrir un enseignement bilingue, de la maternelle au lycée, la langue des signes française (LSF) étant reconnue comme langue à part entière par le code de l'éducation. Mais si, depuis 2018, toutes les académies sont appelées à créer un tel dispositif, force est de constater que de lourdes disparités territoriales persistent. À La Réunion notamment, il n'y en a pas.

Selon les professionnels, les PEJS sont confrontés à deux obstacles : d'une part, le regroupement géographique des apprentissages, qui suppose un hébergement en internat ou des temps de transport trop longs ; d'autre part, la diversité des parcours, surtout au lycée, qui ne peuvent relever d'une même formation. La crise sanitaire ne fait qu'amplifier les difficultés car la lecture mimique et la lecture labiale sont impossibles quand l'interlocuteur porte un masque. Pour ces jeunes, aller à l'école demeure donc un véritable parcours du combattant, lequel d'ailleurs se complique au fil de leur scolarité.

Ainsi, dans l'académie de La Réunion, il n'y a pas d'unité d'enseignement spécialisé au lycée et les AESH ne reçoivent pas la formation nécessaire pour accompagner les jeunes, notamment au lycée professionnel. Le recours aux interprètes pourrait évidemment être une solution satisfaisante, mais elle n'est jamais retenue, et l'Association de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées (AGEFIPH) n'intervient pas en l'absence de contrat de travail. L'école inclusive n'est donc pas encore une réalité pour tous à La Réunion. Or ces carences se paient au prix d'un décrochage scolaire précoce et, par la suite, d'une insertion sociale et professionnelle semée d'embûches.

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