Intervention de Kouamé Adjoumani

Réunion du jeudi 29 octobre 2020 à 15h45
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Kouamé Adjoumani :

J'ai l'impression que tout le monde, aujourd'hui, considère les migrants comme un problème. Essayons de voir la valeur de ces migrants. Je suis un exemple concret. Aujourd'hui, j'ai 23 ans. Je travaille dans une entreprise depuis 2017. Je ne bénéficie d'aucune aide. Je paye mon loyer et mes impôts en France. Je contribue au développement. Nous avons également des valeurs, que nous pouvons apporter à ce beau pays. Avant de présenter les migrants comme une charge pour l'État, il faudrait mesurer la valeur qu'ils apportent.

Concernant les majeurs qui se prétendent mineurs, je pense qu'il est nécessaire de distinguer l'asile politique et l'asile économique. L'asile politique concerne les jeunes qui fuient la guerre. Lorsqu'ils arrivent en France, ces derniers sont pris en charge. Ce n'est pas le cas des demandeurs d'asile économique, pour qui rien n'est proposé. S'ils sont majeurs, ils se retrouvent donc contraints de prétendre qu'ils sont mineurs. Essayons de mettre en place une politique pour accompagner les demandeurs d'asile économique, et non pas uniquement les demandeurs d'asile politique. Pour certains jeunes, les évaluations de minorité sont réalisées en quinze minutes sur la base des rapports transmis par les éducateurs au juge des enfants. Si l'éducateur ayant suivi le jeune stipule dans son rapport que celui-ci est majeur, le juge ne cherchera pas à aller plus loin. J'appelle les éducateurs à ne pas jouer le rôle des juges, sans quoi ils se retrouvent ensuite dans une posture de pompier pyromane au lieu d'apporter une aide à ces jeunes tout au long de leur parcours.

Aujourd'hui, j'ai un CAP, je travaille et, grâce à mon salaire, je contribue à aider les autres. Les migrants ne se déplacent pas en France pour venir chercher des aides mais simplement parce qu'ils aspirent à une vie meilleure. Essayons de leur donner une autorisation de travailler, qu'ils soient majeurs ou mineurs. Lorsqu'ils ont cette autorisation, il me semble que ces jeunes n'ont pas besoin de tendre la main à la fin du mois pour pouvoir vivre. Je souhaite insister sur le fait qu'une fois majeurs, ces jeunes ne sont plus protégés. Je suis arrivé en France à 17 ans et demi. À 18 ans, j'ai reçu une OQTF. Il me fallait prouver que je voulais réellement rester en France pour éviter l'expulsion. Pour obtenir un contrat de travail, mon patron me demandait une autorisation. Mais lorsque je me suis rendu à la préfecture pour obtenir une autorisation, ils m'ont demandé de fournir un contrat de travail. J'étais dans une situation où je ne pouvais obtenir aucun des deux alors que j'avais suivi une formation en France, qui m'avait été financée. Pour conclure, il me semble indispensable qu'une autorisation de travail soit accordée à tous les jeunes même s'ils sont demandeurs d'asile économique, qu'ils soient majeurs ou non, car elle leur permet d'accéder à l'autonomie.

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