Interventions sur "avortement"

19 interventions trouvées.

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Avant toute chose, il convient de dire et redire – je le fais chaque fois que je prends la parole à ce sujet – que nul ici ne songe à porter le moindre jugement sur les femmes qui recourent à l'avortement. Leur malheur, parfois leur détresse, nous appellent à la plus grande retenue ; mais la retenue n'empêche pas d'exprimer ce qui est. Nous, législateurs, avons la charge et le devoir d'être au service du bien commun, non d'une idéologie où seule compte la volonté de l'adulte. En l'occurrence, cette volonté peut stopper la vie qui grandit dans le corps d'une femme. Une vie qui, lorsqu'elle remonte...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

...e loi qui arrive aujourd'hui au terme de sa navette ne traite donc pas seulement du droit des femmes à disposer de leur corps, mais aussi de notre responsabilité collective lorsque nous disposons d'un autre corps, celui de l'enfant à naître : ce sont là les deux faces indissociables de la même décision. Pourtant, à vous entendre, il n'y aurait pas lieu d'en discuter : vous proclamez un droit à l'avortement fondamental, absolu, supérieur à tous les autres et à la vie même. Emmanuel Macron, le 19 janvier, a été très clair : « Je souhaite que nous puissions actualiser [la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne], notamment pour être plus explicites sur […] la reconnaissance du droit à l'avortement ». L'avortement serait donc en danger, menacé par des obscurantistes d'un autre temps qui s...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Ces chiffres avaient déjà été invoqués en 2001, lorsque le délai avait été étendu de dix à douze semaines, et le seront à nouveau demain quand il s'agira de l'étendre encore jusqu'à seize puis dix-huit semaines, et pourquoi pas davantage. Plus étonnant encore, ce texte devrait être voté de toute urgence pour renforcer le droit à l'avortement, qui serait attaqué. Mais plus de 230 000 avortements sont pratiqués chaque année, c'est-à-dire au moins deux fois plus qu'en Allemagne, dont la population est supérieure à la nôtre – sans que personne ne s'interroge à ce sujet. Et une femme sur trois – ce sont vos chiffres – avorte au moins une fois dans sa vie en France. Dans ces conditions, on peut se demander quels chiffres pourraient bien vo...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClémentine Autain :

Je suis au regret, madame Ménard, de vous informer que vous avez perdu une bataille au long cours, celle menée par ceux qui nient aux femmes le droit d'avorter. La réalité de vos positions politiques, c'est en effet la remise en cause fondamentale du droit à l'avortement, contrairement à ce que vous avez dit initialement. Vous savez en effet qu'une telle position est inaudible aujourd'hui en France, les femmes étant attachées à ce droit, et vous ne faites donc qu'essayer de mettre des freins sans cesse plus importants à la possibilité d'avorter. Votre argument concernant le passage de douze à quatorze semaines est inaudible. À douze semaines, c'est un embryon. À ...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClémentine Autain :

...quatorze semaines, c'est un embryon. Ajouter deux semaines, c'est éviter à des femmes de devoir partir à l'étranger et c'est leur permettre d'avorter, qu'elles aient ou non de l'argent. C'est aussi leur laisser le temps qui leur manque parce que les centres d'IVG ne sont pas en nombre suffisant et que les conditions ne sont pas toujours réunies. Pour ma part je me bats, madame Ménard, pour que l'avortement ne soit plus un drame comme il l'est trop souvent.

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClémentine Autain :

Cela fait partie des luttes que nous menons ici et auxquelles vous vous opposez ! Vous ne cessez de rappeler que l'avortement est un drame et, en cela aussi, vous culpabilisez les femmes. Il y a aujourd'hui des femmes qui avortent et qui sont heureuses d'avoir ce droit car, si elles n'avortent pas, elles ont un enfant qui n'est pas désiré. Or avoir un enfant non désiré, c'est un drame, et cela dure bien plus longtemps qu'un avortement, madame Ménard.

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCécile Muschotti :

...es Républicains en première lecture, les difficultés tenant à l'ordre du jour parlementaire en deuxième lecture. Mais nous y serons arrivés ! Nous aurons réussi à améliorer très sensiblement les droits des femmes en allongeant de deux semaines le délai pour pratiquer une IVG, rejoignant ainsi plusieurs pays européens. Nous aurons étendu les obligations en matière d'information des candidates à l'avortement. Nous aurons étendu les compétences des sages-femmes pour pratiquer les IVG chirurgicales. Nous aurons pérennisé l'allongement du délai de recours à l'IVG médicamenteuse. Nous aurons supprimé le délai de réflexion de deux jours qui était imposé aux femmes ayant préalablement consulté. Nous aurons créé le répertoire unique d'accès à l'information, confié aux agences régionales de santé. Nous auron...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGeneviève Levy :

Sur tous les bancs, les députés ont largement pu s'exprimer et échanger au sujet de ce texte. Le propos de ceux qui s'y opposent n'est nullement de revenir sur le droit à l'IVG ; je ne voudrais pas qu'il y ait de confusion à ce sujet. L'avortement est un droit pour lequel de nombreuses femmes ont combattu depuis très longtemps, et je voudrais ici leur rendre hommage. Quant à la motion de rejet préalable, je voterai contre à titre personnel et, comme il est de coutume dans notre groupe, chacun fera selon ses convictions.

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPerrine Goulet :

Avoir un enfant – je pense que nous sommes nombreux à en avoir sur ces bancs –, c'est à la fois de grands moments de joie et aussi, parfois, des moments difficiles. Pour affronter ces moments, il faut avoir été prêt à accueillir l'enfant. Il ne faut pas l'avoir eu par défaut, parce que l'on n'a pas pu accéder à l'avortement. C'est la raison pour laquelle, madame Ménard, notre groupe ne soutiendra pas votre motion de rejet. Nous pensons en effet que les femmes ont besoin d'avoir accès à l'avortement. Or dans de nombreux territoires, notamment le mien, ce droit n'est pas complet…

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJoachim Son-Forget :

...is légitime. Pourquoi ? Parce qu'une intuition naît chez tout un chacun, issue de son expérience de vie, d'un questionnement inquiet sur ses origines et sur son devenir. Je ferai deux remarques préalables, à titre de précaution, sur la façon dont il convient d'écouter mon propos. Tout d'abord, je pourrais parler à la place des femmes, sans jamais avoir pu ressentir ce qu'une femme, ayant vécu un avortement volontaire, partiellement volontaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJoachim Son-Forget :

...emeure trop souvent attaché à des notions qui font trop souvent écho à nos histoires personnelles, à nos croyances ou au domaine de l'émotion, comme les fameux concepts de « projet parental » ou de « déconstruction sociologique du réel biologique ». En 2001, le délai a été rallongé de dix à douze semaines. La raison invoquée était qu'entre 3 000 et 5 000 femmes ne pouvaient pas avoir recours à l'avortement dans les délais impartis. Vingt ans plus tard, vous faites le même constat, l'ordre de grandeur étant resté similaire alors même que le contexte, lui, ne l'est pas. La majorité propose ainsi, dans l'agenda parlementaire, le retour de la proposition de loi visant à allonger le délai d'interruption volontaire de grossesse de douze à quatorze semaines. Je doute qu'un allongement du délai éradique la...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJoachim Son-Forget :

Mais aujourd'hui, une telle limite pourrait être battue en brèche. Pour vous donner mon avis personnel, j'accepte la loi Veil en l'état, comme beaucoup d'entre vous : compromis prudent, elle a prouvé son bien-fondé en sauvant des femmes tout en empêchant des excès en matière de recours à l'avortement. Dans l'absolu, à quel stade plaçons-nous la limite acceptable à l'interruption d'une vie humaine en devenir ? Ici, il est question du fœtus ou de l'embryon, mais pour d'autres, la limite peut être bien antérieure ; certains la situent par exemple lors de la rencontre des gamètes. Pourquoi pas ? Elle pourrait même être fixée, sur le plan philosophique, au niveau de l'intention même de faire un en...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJoachim Son-Forget :

Pour terminer, permettez-moi de prendre encore un peu de champ. Finalement, ce qui perturbe certains d'entre nous dans cet allongement du délai légal d'avortement, c'est le fait qu'il rende encore plus facile d'arrêter de faire des enfants. On le voit bien, les sociétés occidentales évoluent toutes vers une forme d'« eusocialité », pour reprendre le terme du sociobiologiste Edward O. Wilson. On pourrait en parler durant de longues minutes ; je vous renvoie donc à ses ouvrages. Mais ce modèle social – cette hypothèse sociale – qui caractérise les sociétés d...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJoachim Son-Forget :

J'espère, chers collègues, que nous aurons l'occasion de débattre et notamment – je vous le demande – que vous tempérerez votre ambition, sans doute motivée par des raisons médicales liées à la réalité du terrain – je le conçois – mais qui, pour éviter des dérives bioéthiques considérables déjà existantes ailleurs, que ce soit la sélection liée au sexe ou l'avortement à n'importe quel stade de grossesse, aurait pu être formulée différemment, en particulier pour ce qui est du délai accordé.

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGérard Leseul :

Le droit à l'avortement, chers collègues, est un droit fondamental qui a révolutionné mais également protégé la vie de nombreuses femmes depuis son introduction en 1975. Des approfondissements et des améliorations de cette loi libératrice ont été régulièrement proposés ; et c'est sur une base tout aussi régulière que des motions de rejet passéistes et conservatrices ont été déposées, pour tenter de repousser l'adoption ...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSylvia Pinel :

...ient pas fait à le consulter. Refuser l'adoption de la proposition de loi, c'est nier le parcours du combattant qu'affrontent des femmes pour jouir d'un droit qu'elles ont pourtant acquis il y a quarante-cinq ans ; c'est nier leurs difficultés d'accès à un médecin ou à une sage-femme sur notre territoire ; c'est nier les obstacles matériels et psychologiques qui entravent leur accès au droit à l'avortement ; c'est nier, enfin, que de trop nombreuses d'entre elles se rendent dans des pays voisins pour exercer ce droit. Chers collègues, il est temps d'avancer ! Rejetons la motion de rejet préalable et adoptons la proposition de loi !

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Castaner :

Souvenons-nous qu'il y a quarante-sept ans et quelques jours – plusieurs d'entre vous l'ont rappelé –, Simone Veil montait à cette tribune pour défendre le droit à l'avortement. Personne ici ne peut prétendre être Simone Veil, mais vous avez fait la démonstration, monsieur Son-Forget, que vous étiez représentatif des hommes qui composaient alors l'Assemblée nationale et qui ont calomnié la ministre, elle et toutes les femmes qu'elles défendaient dans son combat.

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Castaner :

Je respecte parfaitement les opinions divergentes qui s'expriment sur le droit à l'avortement, mais je ne supporte pas les amalgames.

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPerrine Goulet :

...te situation sont multiples – manque d'information, nombre insuffisant de médecins, accès difficile aux structures – et nous allons en débattre. En tout état de cause, nous avons le devoir de répondre à l'appel des femmes, qui ont le droit de décider si elles veulent donner la vie ou non. Un enfant représente un engagement à long terme. On ne doit pas devenir mère parce qu'on n'a pas eu accès à l'avortement. Nous nous honorerons, ce soir, à ouvrir le débat dans l'hémicycle et à échanger sereinement entre nous. Notre pays attend que cette discussion ait lieu. Les députés du groupe Mouvement démocrate (MODEM) et démocrates apparentés se prononceront librement sur la proposition de loi, mais ils rejetteront la motion de rejet préalable, qui n'en est pas une et qui a simplement servi de tribune à son ...