Je vais à nouveau essayer de remettre les choses dans leur contexte, si vous le permettez. Le 12 janvier, je suis convoqué dans le bureau de Marc-Olivier Fogiel. Il me montre à cette occasion quelques vidéos, comme je l'ai expliqué dans mon propos introductif. Les 13 et 14 janvier, je tourne des épisodes de Faites entrer l'accusé. Je prends ensuite quelques jours de repos. Je suis alors censé reprendre mon travail sur BFM TV le jeudi suivant. Ce jeudi matin, je reçois un appel de Marc-Olivier Fogiel, auquel prennent part également le directeur général de RMC Story et le directeur des ressources humaines du groupe Altice. Ils m'expliquent qu'une enquête est en cours et qu'ils me dispensent d'activité – je ne suis pas suspendu, mais dispensé –, avec maintien de salaire, jusqu'au 10 février. Ils précisent en outre que c'est totalement confidentiel. Je trouve que cela va un peu loin mais je n'imagine pas du tout ce qui va m'arriver ensuite. Je m'attends, en revanche, à être convoqué pour participer à cette enquête. Or je ne l'ai pas été.
Le 1er février – je m'en souviens car c'est le jour de mon anniversaire –, je reçois un nouvel appel téléphonique, cette fois d'une journaliste de Politico, qui me dit : « Vous savez pourquoi je vous appelle ». Je réponds que non. Elle m'explique qu'il y a des soupçons d'ingérences étrangères – elle me parle du Maroc – et qu'une enquête est en cours. Je me dis alors que l'enquête en question n'était pas vraiment confidentielle, contrairement à ce que l'on m'avait assuré. Elle me pose un certain nombre de questions et, je l'avoue, je suis complètement pris au dépourvu. Elle ajoute que j'ai été en contact avec un certain nombre de personnes – mais elle ne cite pas M. Duthion – et qu'il pourrait s'agir d'entrisme. Je réponds que c'est possible, parce que tout est possible. À ce moment-là, je ne sais rien de ce qui se trame, dans mon dos. Elle me demande si je pense avoir été, éventuellement, dupé. Je lui réponds que c'est possible, que ce n'est pas exclu, mais que je n'en ai aucune certitude. Aujourd'hui, je sais que cela n'a pas été le cas.