Les amendements de Roland Lescure pour ce dossier

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J'ai passé mon enfance à Bamako-sur-Seine dans les années 1970. C'est ainsi – vous vous en souvenez, monsieur Peu – que l'on appelait Montreuil à l'époque. Je partageais l'aire de jeux avec des Manouches, des Noirs, des Arabes et des Portugais.

Eh oui : à l'époque, on ne s'embarrassait pas d'euphémismes au nom du politiquement correct, mais on vivait en harmonie et sans préjugés. La France avait fait abondamment appel à l'immigration économique, le parti communiste était majoritaire dans les quartiers et ses militants en étaient le ciment social – M. Peu s'en souviendra aussi.

Vous aussi, madame Faucillon, vous vous le rappelez ? Non, tout de même pas : M. Peu est plus âgé que vous, si je peux me permettre…

Aux trente glorieuses ont succédé les quarante laborieuses – la crise économique et sociale, la mondialisation, avec ses défauts et ses qualités, les enjeux géopolitiques et climatiques. Le parti communiste a laissé la place au communautarisme et au Front national, qui se sont nourris l'un l'autre et ont alimenté les préjugés et les fantasmes. ...

L'extrême droite, enfin, a fait fleurir une entreprise familiale en faisant de l'immigration la source de tous les maux de la société française.

Ne nous voilons pas la face, mes chers collègues : si les Français ont des immigrés l'image que je vous ai décrite, c'est aussi parce que notre modèle d'intégration a échoué. Parlons donc d'immigration économique ; mais, auparavant, nous devons commencer par mieux intégrer par le travail ceux qui sont déjà sur notre sol. Sans travail, en effet...

… c'est la deuxième génération qui trinque, la deuxième génération qui ne s'intègre pas, un jeune issu de l'immigration sur quatre n'ayant ni emploi ni formation alors que c'est un sur dix en Allemagne et au Canada.

Ici encore, nous pouvons faire mieux, nous devons faire mieux. Et je compte mettre en exergue cette question de l'emploi des femmes immigrées dans la future loi de Marlène Schiappa et de Bruno Le Maire sur l'émancipation économique de toutes les femmes.

Mais, plus largement, nous devons changer de posture : l'immigration est vue souvent dans notre pays comme un devoir, qu'il s'agisse d'un devoir d'humanité ou d'un devoir au regard du regroupement familial, et donc vécue comme un fardeau, alors que nous devons en faire une opportunité. Ce changement de posture ne se fera certes pas sans effort,...

Aujourd'hui, la reconnaissance des qualifications, des diplômes et surtout des expériences est un vrai parcours du combattant : est-ce normal ?

Président de la commission des affaires économiques, je suis aussi député des Français de l'étranger, et à ce titre bien placé pour savoir qu'un Français qui rentre de l'étranger doit attendre trois mois avant de bénéficier d'une couverture médicale, alors que, pour un demandeur d'asile, c'est immédiat : …