Intervention de Pascal Bois

Séance en hémicycle du jeudi 25 mars 2021 à 9h00
Musées d'orsay et de l'orangerie — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPascal Bois :

C'est dans la soirée du 2 décembre dernier que nous avons appris la disparition de Valéry Giscard d'Estaing, notre ancien président de la République. Après la surprise et la tristesse, toujours ressenties en pareille circonstance, vient tout naturellement le moment de la reconnaissance et des hommages. Toute polémique est alors vaine, l'essentiel se concentrant sur l'oeuvre d'un homme, son héritage politique et la gratitude éprouvée par le peuple. Nous lui devons bien des avancées sociétales, devenues depuis de véritables totems du progrès : l'abaissement de la majorité à 18 ans, qui a déjà été évoquée, la légalisation de l'avortement et le divorce par consentement mutuel, pour ne citer qu'eux. Il fut également un président audacieux, à l'origine d'initiatives fortes pour la construction européenne ou à l'échelle internationale. Il aura impulsé de grands projets culturels. À travers cette résolution, dont je salue l'auteur, notre collègue député élu en Mayenne, Yannick Favennec-Bécot, la représentation nationale se donne l'occasion de lui rendre hommage et de montrer sa reconnaissance.

Hommage en associant son nom à celui du musée d'Orsay dont il est à l'origine et reconnaissance pour l'héritage culturel de son septennat. En effet, l'engagement fort du président Giscard d'Estaing pour la culture s'est traduit par une politique active de restauration patrimoniale, de rayonnement et de diffusion de la culture, et de création de nouveaux musées consacrés à des périodes stylistiques dont les collections étaient éparpillées. Nous lui devons le musée national de la Renaissance, situé dans le magnifique château d'Écouen dans le Val-d'Oise, entièrement restauré pour accueillir ce musée. Nous lui devons la création de la Cité des sciences et de l'industrie de la Villette, qui a métamorphosé ce quartier populaire parisien. Nous lui devons le musée Picasso, qui accueille la collection nationale des oeuvres du célèbre peintre dans un hôtel particulier rénové du Marais. Nous lui devons la genèse de l'Institut du monde arabe. Nous lui devons enfin le magnifique musée d'Orsay, créé dans un monument à conserver et dédié aux arts du XIXe siècle.

En alliant la valorisation du patrimoine à la création artistique, l'opération Orsay allait concrétiser le chantier complexe de la renaissance de la mythique gare d'Orsay et de la naissance d'un musée dont la renommée actuelle n'est plus à démontrer. Cette gare au décor typique de la Belle époque, achevée pour l'Exposition universelle de 1900, fut très vite obsolète. Abandonnée dans l'entre-deux-guerres, elle sombra dans l'oubli avant d'être retrouvée dans les années 1970 dans un état dégradé alors qu'elle servait d'entrepôt ou de parking. Sous sa verrière d'un volume gigantesque, un chapiteau s'y dressa un temps pour les spectacles de la compagnie de théâtre Renaud-Barrault. Le président Giscard d'Estaing la sauva : alors qu'il cherchait un lieu à même d'accueillir les collections dispersées du XIXe siècle, il trouva un emplacement idéal au coeur du Paris monumental. Transformer cette gare en musée devint le nouvel acte audacieux du président. Après un chantier colossal, le nouveau musée fut inauguré par son successeur en 1986.

Dédié à toute la diversité esthétique du XIXe siècle – peinture, sculpture, arts décoratifs, photographie, monuments réalistes, peintres impressionnistes, art nouveau – , le musée possède et expose des chefs-d'oeuvre, véritables icônes de l'art. Nous sommes tous capables de reconnaître ou de nous émouvoir devant La Pie de Claude Monet, Les Raboteurs de parquet de Gustave Caillebotte, La Nuit étoilée de Vincent van Gogh ou L'Ours blanc de François Pompon. Le public ne s'y est pas trompé et la fréquentation n'a cessé de croître pour atteindre un record en 2019, dernière année avant la crise sanitaire, avec près de 5 millions de visiteurs.

Le président Giscard d'Estaing a décidé de créer ce musée, a choisi son emplacement et a élaboré sa conception. Il a veillé au chantier et a fait l'éloge de ce que devait être un beau musée, à savoir un endroit où règne l'harmonie entre le bâtiment et les oeuvres exposées. Ce résultat est unanimement salué. « La reconnaissance est le sentiment d'un bienfait », disait Vauvenargues. Assurément, l'adoption de cette proposition de résolution que le groupe La République en marche appelle de ses voeux honorera la mémoire du président de la République et restituera le sentiment collectif d'un bienfait en faisant en sorte que le musée d'Orsay devienne le musée Valéry Giscard d'Estaing.

Permettez-moi enfin d'avoir une pensée émue pour mon cousin René Monory, ancien président du Sénat, qui fut son ministre pendant cinq années.

1 commentaire :

Le 02/04/2021 à 09:14, Laïc1 a dit :

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Si j'avais eu un cousin ministre, j'aurais peut-être pu percer en politique ?

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