Intervention de Michel Larive

Séance en hémicycle du mercredi 17 mars 2021 à 15h00
Démocratiser le sport en france — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Larive :

Madame et messieurs les rapporteurs, le 4 février dernier, la Banque des territoires qualifiait votre proposition de loi de « poids plume ». Je partage son avis. Selon moi, en effet, ce texte ne mérite pas son titre, car il ne permet en rien de démocratiser le sport en France. En 2017, le candidat à l'élection présidentielle Emmanuel Macron faisait la promesse suivante : « Nous nous battrons pour permettre à tous de pratiquer une activité sportive ». Or, ni le bilan de la majorité depuis presque quatre ans ni ce texte ne sont à la hauteur des ambitions d'alors et des attentes du secteur sportif.

Monsieur le ministre, il n'y a rien de Jean Zay dans cette proposition de loi, car vous n'envisagez pas réellement de moyens supplémentaires en termes financiers, structurels ou humains, et ne prévoyez aucune construction d'équipements sportifs permettant une plus grande égalité territoriale, comme il le préconisait. Je crains que ce texte ne soit une incantation de plus dans la litanie de vos bonnes intentions.

La proposition de loi se trouve être en complet décalage par rapport à la situation de crise sanitaire que nous traversons. Les clubs amateurs sont en grande difficulté financière. Des pratiquants renoncent au sport faute de moyens pécuniaires. Ils ne peuvent notamment ni renouveler leurs licences ni s'équiper en matériel, ni couvrir les frais liés à leur mobilité.

Selon l'Organisation mondiale de la santé, la sédentarité est responsable chaque année dans le monde de 2 millions de décès, ainsi que de nombreuses pathologies chroniques. L'inactivité physique tue dix fois plus chaque année que les accidents de la route. Le confinement et la restriction des possibilités de pratique sportive appellent des mesures urgentes de développement du sport santé, mais ces problèmes ne font l'objet d'aucun traitement sérieux dans aucun des articles proposés à la discussion.

Il est temps de réinterroger le modèle sur lequel est bâtie notre politique sportive. Cette proposition de loi ouvrait la possibilité d'échanger sur le service public du sport, sur l'éducation populaire, sur le financement du mouvement sportif, sur la gouvernance des fédérations sportives et sur le rôle des licenciés et du public de la prise de décision. En réalité, elle n'appréhende aucun de ces aspects, pourtant fondamentaux dans la perspective d'une démocratisation réelle du sport.

En commission, nous avons eu de longues discussions sur l'encadrement des droits de retransmission des compétitions sportives. L'affaire Mediapro y est assurément pour quelque chose, mais vous ne semblez pas tirer toutes les conséquences d'un tel fiasco. Les premiers lésés, dans cette affaire, sont les clubs amateurs, qui ne participent en aucun cas à la décision de redistribution des subsides et se voient en outre spoliés d'une manne financière qu'ils avaient parfois provisionnée dans leur budget prévisionnel.

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