Intervention de Clémentine Autain

Séance en hémicycle du mardi 9 mars 2021 à 15h00
Questions au gouvernement — Fermeture des lieux culturels

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClémentine Autain :

Ma question s'adresse au Premier ministre. Depuis jeudi, des intermittents occupent nuit et jour le Théâtre national de l'Odéon. Ce qui est en jeu, c'est le sort que vous réservez aux arts et à la culture, ainsi qu'à toutes celles et ceux qui plongent dans la précarité et la pauvreté. Dès le premier confinement, vous avez choisi de laisser ouverts les centres commerciaux et de baisser le rideau des lieux culturels. Pourtant, partager les émotions et projeter nos imaginaires est fondamental pour les êtres sensibles que nous sommes. Comme le disait Jean Vilar, grand homme de théâtre, les arts sont une nourriture aussi essentielle à la vie que le sont le pain, l'eau, le gaz ou l'électricité.

Nous ne sommes pas que des Homo economicus, nous ne voulons pas seulement rester en vie, nous aspirons à être vivants. Une étude allemande a par ailleurs révélé que l'indicateur de circulation du virus, qui est de seulement 0,5 dans les lieux culturels qui respectent les règles sanitaires, est multiplié par deux dans un supermarché, par trois dans un train, par six dans un établissement scolaire. Regardez autour de vous, mes chers collègues, et demandez-vous en quoi notre hémicycle diffère des gradins d'un théâtre !

À quand un calendrier de réouverture des lieux culturels au public, à quand la reconduction de l'année blanche pour garantir les droits sociaux des intermittents en n'oubliant personne, notamment les jeunes qui venaient de se lancer, à quand l'adaptation du seuil d'heures travaillées pour que les intermittentes puissent accéder aux congés de maternité ? À ce jour, le seul calendrier qui nous ait été communiqué est celui de la contre-réforme de l'assurance chômage qui va réduire les droits des cotisants, et pas seulement dans le secteur culturel.

L'Odéon a déjà été le théâtre des colères en mai 1968, en 1992 et en 2016. Au lieu d'accéder aux demandes des manifestants, vous dépêchez la police pour asphyxier le mouvement, tandis que vous déversez des milliards au profit des hyper-riches. Votre spectacle vivant, monsieur Castex, est une tragédie.

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