Intervention de Béatrice Descamps

Séance en hémicycle du jeudi 28 janvier 2021 à 9h00
Service public d'eau potable et d'assainissement en guadeloupe — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBéatrice Descamps :

Le texte présenté par le groupe du Mouvement démocrate (MoDem) et démocrates apparentés vise à rénover la gouvernance du service public de l'eau potable et de l'assainissement en Guadeloupe en créant un service unique sous la forme d'un syndicat mixte ouvert, permettant à terme de regrouper au sein d'une même structure la région, le département et les EPCI, et disposant des compétences en matière d'eau, d'assainissement des eaux usées et de gestion des eaux urbaines. Actuellement, en Guadeloupe, le service public de l'eau potable et de l'assainissement présente des carences graves et structurelles qui affectent son fonctionnement, avec des coupures d'eau fréquentes, d'ampleurs et d'origines diverses. La crise de l'eau en Guadeloupe est aujourd'hui la conséquence d'une accumulation de difficultés.

Le groupe UDI et indépendants salue la proposition de loi, qui avance une première solution concrète pour mettre fin à cette situation indigne. Cependant, revoir la gouvernance territoriale du service public de l'eau ne saurait constituer la solution à tous les problèmes. L'État doit également prendre toute sa part pour résoudre les préoccupations soulevées par la proposition de loi. Comme l'a souligné notre collègue Sophie Auconie, l'eau est infiniment précieuse. Elle est le principal constituant de tous les organismes. C'est dans l'eau que la vie prend naissance. Il est consternant de constater que 884 millions de personnes dans le monde n'ont pas accès à l'eau potable et que près de 2 milliards d'êtres humains ne bénéficient pas d'installations sanitaires de base.

Nous tenons également à souligner que si l'eau est un droit, elle est aussi un devoir. Le débat sur les mésusages de l'eau dépasse le cadre de la présente proposition de loi. Il nous semble important de rappeler que la gratuité relative de l'eau ne doit pas entraîner une déresponsabilisation du citoyen quant à son économie. Le changement climatique, parmi d'autres changements globaux, a des conséquences sur le cycle de l'eau et ses usages associés. La croissance démographique, l'urbanisation et l'évolution des modes de vie sont des enjeux centraux, qui posent la question des paradigmes futurs du développement. Comment nourrir, chauffer, éduquer, loger la population et préserver nos écosystèmes avec des ressources sous pression ?

Le changement climatique est un phénomène global et sans frontières, mais qui a des impacts localement différenciés sur l'eau. Pour y répondre, il faut donc développer une action à tous les niveaux – international, national, local – , avec l'ensemble des acteurs, notamment la jeunesse. Les projections climatiques du cinquième rapport du GIEC – Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat – fournissent de nombreuses indications quant aux risques croissants que fait peser le changement climatique sur la ressource en eau, alors que 90 % des catastrophes naturelles sont aujourd'hui liées à l'eau. Au-delà de 2 degrés Celsius de réchauffement climatique par rapport à 1990, chaque degré pourrait entraîner une réduction des ressources renouvelables en eau de 20 % pour au moins 7 % de la population mondiale. Approximativement, 80 % de la population mondiale est déjà affectée par des insécurités hydriques ayant trait à la disponibilité de l'eau, à la demande en eau ou à sa pollution. Le dérèglement climatique risque donc de réduire les ressources en eau renouvelables de la planète, ce qui exacerbera les conflits entre usages, principalement dans les zones intertropicales sèches, tandis que les ressources en eau devraient augmenter dans les hautes latitudes.

Pour le groupe UDI et indépendants, il est donc essentiel de limiter au maximum nos émissions de gaz à effet de serre et de diminuer l'impact de notre consommation d'eau sur les écosystèmes. Nous pourrions ainsi mieux utiliser les fonds européens pour la rénovation de nos réseaux d'eau potable, alors que ces moyens financiers sont loin d'être consommés. Rappelons que le volume d'eau potable gaspillée chaque année en France représente 1, 3 milliard de mètres cubes, soit l'équivalent du lac d'Annecy. En organisant une meilleure gestion des services publics, la proposition de loi contribuera à une meilleure utilisation des fonds européens pour la rénovation des réseaux. C'est pourquoi nous y sommes favorables.

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