Intervention de Serge Letchimy

Séance en hémicycle du mardi 26 janvier 2021 à 15h00
Questions au gouvernement — Filière pêche antillaise

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSerge Letchimy :

Respectueux de la séparation des pouvoirs, je n'ai pas pour habitude de commenter les décisions de justice, mais je ne peux rester indifférent à l'éventualité du classement sans suite de la plainte déposée il y a quatorze ans par des associations environnementales à la suite de la pollution au chlordécone de la Martinique et de la Guadeloupe. Une telle décision risquerait d'être interprétée non seulement comme un déni de justice, mais aussi comme une provocation humiliante et un dédain des principes républicains qui imposent à tous le respect de la dignité humaine.

Ce pesticide a fait des ravages considérables sur la santé des populations. Des secteurs économiques sont sinistrés, particulièrement celui de l'agriculture endogène. Mais une autre activité est en train de s'effondrer à un rythme très alarmant : la pêche.

Les chiffres sont sans appel : un tiers des côtes martiniquaises sont interdites à la pêche car polluées ; en dix ans, le nombre de pêcheurs et le volume de la production locale ont été divisés par deux ; la pollution des eaux côtières contraint de pêcher plus au large, ce qui, en entraînant des surcoûts destructeurs auxquelles s'ajoutent des interdictions kilométriques imposées par l'État de façon aléatoire, prive les pêcheurs de toute perspective de survie. Plus grave encore, le niveau d'endettement social des marins-pêcheurs, estimé à 3,5 millions d'euros, rend impossible l'accès des professionnels aux aides publiques nationales et européennes, ce qui pénalise durablement la filière. Ce cycle infernal conduira à terme à la disparition des pêcheurs côtiers…

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