Intervention de Gabriel Serville

Séance en hémicycle du mardi 26 janvier 2021 à 9h00
Questions orales sans débat — Recensement de la population guyanaise

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGabriel Serville :

On ne le dira jamais assez, gouverner, c'est prévoir. Et prévoir, c'est surtout savoir compter sa population, notamment lorsqu'elle poursuit une progression exponentielle.

Invoquant la crise sanitaire qui l'empêcherait d'achever la collecte dans les délais impartis, la direction générale de l'INSEE a décidé de ne pas procéder au recensement en 2021.

Loin d'être anecdotique, cette décision risque d'avoir de lourdes conséquences pour les communes guyanaises, qui doivent faire face à une dynamique démographique sans équivalent sur le reste du territoire national, tout en étant confrontées à d'énormes difficultés financières, leurs ressources ne leur permettant plus d'absorber les flux des nouveaux arrivants.

Nous craignons que les dotations générales de fonctionnement et d'investissement des communes, calculées au prorata de leur population, ne soient en total décalage avec la réalité. Les déclarations récentes de l'INSEE ne sont pas pour nous rassurer, bien au contraire. Ainsi, selon ses services, pour l'exercice 2021, les estimations seront arrêtées en fonction du nombre de nouvelles maisons officiellement identifiées. Or je rappelle que d'après l'établissement public foncier et d'aménagement de la Guyane, entre 40 % et 60 % des logements construits chaque année en Guyane relèvent soit de l'habitat informel, soit de bidonvilles qui poussent partout comme des champignons, en dehors de tout contrôle.

En conséquence, personne n'est capable de nous dire combien de personnes vivent réellement en Guyane : les estimations varient entre 270 000, 300 000, 330 000 et 350 000. Par ailleurs, ce qui ne laisse pas de surprendre, c'est que l'INSEE considère, pour faire ses estimations, que les flux migratoires en Guyane sont « légèrement positifs ». Or il ne se passe pas un jour sans que des embarcations déposent sur les côtes guyanaises des dizaines de migrants qui alimentent les bidonvilles précités, dans des conditions sanitaires déplorables et surtout indignes de la République française, par ces temps de pandémie de covid-19.

Monsieur le ministre délégué, le recensement est une question très sérieuse et ses conséquences sont bien trop importantes : on ne peut se contenter de le faire reposer sur le comptage approximatif des nouveaux bâtiments. Aussi, ma question est-elle simple : quand l'État se dotera-t-il des outils adaptés pour compter concrètement et correctement le nombre de personnes qui vivent réellement en Guyane, afin d'octroyer enfin à ses collectivités les moyens de leur développement ?

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