Intervention de Jean-François Eliaou

Séance en hémicycle du mercredi 16 décembre 2020 à 15h00
Stratégie vaccinale contre la covid-19

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-François Eliaou :

Se préoccuper de la vie et de la santé des autres est une tâche ardue, parfois périlleuse, mais toujours exaltante. La définition et la mise en oeuvre de la stratégie vaccinale contre la covid-19 constitue cette ambition au bénéfice de nos concitoyens. Les vaccinations sont un progrès immense pour l'humanité, en ce qu'elles ont permis d'éradiquer de multiples maladies infectieuses mortelles.

Ces derniers mois, plusieurs vaccins contre la covid-19, utilisant des technologies variées, ont été développés à marche forcée : c'est une très bonne nouvelle et une prouesse scientifique comme il en a rarement été réalisé. Il faut saluer l'effort inédit des chercheurs du monde entier, mais également l'investissement financier sans précédent des gouvernements, notamment en Europe : ils ont permis d'obtenir des vaccins efficaces en un temps record.

Cependant, le virus ne disparaîtra pas d'un claquement de doigts. Son éradication ne se décrète pas, même après l'arrivée des vaccins. Le succès des campagnes de vaccination passera, entre autres, par la mise à disposition et la délivrance des doses vaccinales en nombre suffisant. Il faut également insister sur la place centrale de la logistique, garante d'efficacité et capable de relever des défis immenses. Elle permet par exemple d'acheminer les doses vaccinales aux quelques 10 000 établissements collectifs recevant les personnes âgées, sans rompre la chaîne du froid, et cela à deux reprises puisqu'il s'agit de réaliser deux injections à trois semaines d'intervalle.

Les vaccins devront être administrés par les médecins traitants, après consentement éclairé et en collaboration avec les personnels soignants, qui sont tous au plus près de leurs patients. Cette vaccination de proximité sera un gage de succès, pour les aspects thérapeutiques bien sûr, mais également et peut-être surtout parce que les médecins traitants bénéficient de la confiance de nos concitoyens.

La mission de la représentation nationale, notre mission, est primordiale. Elle est définie à l'article 24 de la Constitution, qui dispose que le Parlement « contrôle l'action du Gouvernement » et « évalue les politiques publiques ».

L'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques participe à cette mission. Il a été saisi par le président de l'Assemblée nationale et par la commission des affaires sociales aux fins d'évaluer la stratégie vaccinale décidée par le Gouvernement pour faire face à l'épidémie de covid-19, sur le fondement des recommandations émises par la Haute Autorité de santé.

Après de nombreuses auditions, notamment des principaux acteurs de cette politique, l'OPECST, dont je suis en l'espèce l'un des rapporteurs, a remis hier un premier rapport qui vise à éclairer la représentation nationale. Celui-ci aborde quatre axes : les connaissances et les incertitudes scientifiques concernant le virus, la maladie, la réponse immunitaire et la réponse vaccinale ; la stratégie de vaccination, son caractère progressif et les moyens logistiques mis en oeuvre ; la dimension économique, industrielle et financière ; le problème de la défiance et le défi que représente la vaccination.

La stratégie vaccinale adoptée par le Gouvernement, à laquelle j'adhère pleinement, est volontairement progressive : elle consiste à vacciner dans un premier temps nos concitoyens les plus âgés et les plus fragiles, à savoir ceux qui risquent de développer une forme grave de la maladie. Elle s'appuie sur les publications de données scientifiques, qui concluent à une balance bénéfices-risques favorable à la population concernée par la première phase de vaccination.

Je rappelle que cette vaccination concernera les adultes. Permettez-moi d'insister, mes chers collègues, sur son acceptabilité. Le questionnement et les doutes sur la maladie et sur les vaccins utilisés étant légitimes, cette acceptabilité passera par la transparence totale et la précision des informations communiquées à nos concitoyens, par une pharmacovigilance permanente, par un appel constant à la responsabilité civique, chacun devant se protéger pour le bien-être et la santé de tous et, enfin, par la gratuité et le caractère non obligatoire de la vaccination. Je souhaite qu'il s'agisse d'une vaccination de proximité, qui place en première ligne les médecins traitants, véritables vecteurs de confiance auprès de nos concitoyens.

Mes chers collègues, nous devrons poursuivre notre mission de contrôle et d'évaluation avec vigilance, précision et impartialité, au service de nos concitoyens, tout au long du déploiement de la stratégie vaccinale et jusqu'à la disparation du virus.

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