Intervention de Valérie Six

Séance en hémicycle du mercredi 16 décembre 2020 à 15h00
Stratégie vaccinale contre la covid-19

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Six :

Le groupe UDI et indépendants souhaite tout d'abord saluer l'initiative du Gouvernement nous permettant de débattre de la stratégie vaccinale dans cette assemblée. Sur ces bancs, nous avons assez exprimé notre frustration de ne pouvoir discuter de la stratégie du Gouvernement contre la covid-19 et d'être astreints à d'autres débats, sans rapport direct avec la première des préoccupations de nos concitoyens. Alors que plusieurs laboratoires présentent leur vaccin, que les autorités sanitaires font leur travail de certification et que dans certains pays, les vaccinations ont commencé, je me réjouis qu'enfin, la représentation nationale puisse s'exprimer.

Je voudrais également remercier le travail effectué par notre collègue Cédric Villani au sein de l'OPECST, qui a mené la semaine dernière une série d'auditions largement ouvertes à l'ensemble des députés et sénateurs sur la stratégie vaccinale.

La deuxième vague, qui semble d'une ampleur au moins équivalente à la première, balaie nos certitudes. Même l'Allemagne, dont la gestion de l'épidémie semble exemplaire, connaît des difficultés. La Suède, qui prône le concept de l'immunité collective, doit faire face, elle aussi, à une envolée du nombre de contaminations et de morts, preuve qu'aucun pays et qu'aucune stratégie ne prémunit totalement sa population de cette menace. Et que dire des États-Unis où les fêtes de Thanksgiving ont entraîné une accélération exponentielle de la circulation du virus ? En vingt-quatre heures, ils ont déploré plus de morts qu'il n'y en a eu lors des attentats du 11 septembre.

L'incertitude avec laquelle il nous faut composer ne concerne pas seulement le nombre de contaminations et de morts, car beaucoup de nos concitoyens touchés par la covid-19 conservent des séquelles. D'autres, s'ils n'ont pas été touchés directement par le virus, ont été affectés par la dépression, la solitude et l'angoisse, conséquences des mesures adoptées pour limiter la diffusion du virus.

Face au fléau qui nous accable, la perspective d'un vaccin apparaît comme la lumière au bout du tunnel. Mais encore faut-il que la campagne vaccinale soit un succès.

Parmi les raisons de nous réjouir, notons le rôle joué par l'Europe dans la stratégie vaccinale. Depuis des semaines, l'Union européenne donne tout son sens à notre idéal européen. Grâce à l'Europe, nous avons pu mettre en commun nos ressources et nous doter de millions de doses tout en faisant d'importantes économies d'échelle. L'Europe nous assure de la fiabilité des vaccins grâce au travail de l'AEM. L'Europe permet à chaque Européen de bénéficier de manière équitable des doses mises sur le marché, tout en s'assurant que chaque État membre soit mis à contribution pour leur production. L'Europe n'a pas été lente, ni bureaucratique, encore moins hors-sol. Elle a su faire son oeuvre pour protéger sa population, garantir la solidarité entre ses membres et, à terme, permettre à chaque Européen d'avoir accès au vaccin. Finalement, ce dont nous avons collectivement besoin, c'est de l'application stricte du principe de subsidiarité : il faut prendre les décisions au bon échelon. Réservons à l'Europe les négociations avec les États et aux territoires, l'organisation locale permettant l'accès au vaccin.

Notre groupe milite depuis des années pour la territorialisation de notre système de santé. D'ailleurs, durant l'examen du dernier projet de loi de financement de la sécurité sociale, nous avons proposé au Gouvernement de créer un budget régional de la santé grâce à l'instauration d'un ORDAM – objectif régional des dépenses d'assurance maladie. La déclinaison territoriale de la stratégie vaccinale nécessite que l'État fasse confiance aux territoires et à nos élus qui les connaissent mieux que personne et savent donc quelle est la meilleure manière d'administrer le vaccin au plus grand nombre.

Nous nous interrogeons également sur le conditionnement du vaccin. Le maintien du produit à très basse température constitue-t-il un obstacle à l'implication de la médecine de ville et des officines de pharmacie ?

En matière d'association des élus et des citoyens à la stratégie vaccinale, nous ne pouvons nous satisfaire de la création de comités ad hoc. Le tirage au sort des élus ou des citoyens qui les composeront ne saurait constituer un gage de représentativité ni une caution en matière de consultation. L'Assemblée nationale et le Sénat, en revanche, ont toute légitimité pour représenter la nation et nos territoires. Monsieur le Premier ministre, écoutez les parlementaires et appuyez-vous sur nous pour relayer et décliner votre stratégie vaccinale dans les circonscriptions !

La déclinaison territoriale de la stratégie vaccinale est une des conditions de son succès ; la confiance en est une autre. Certains de nos concitoyens expriment une forme de défiance envers les nouveaux vaccins. Ils ont bien compris que la diffusion d'un vaccin contre la covid-19 serait une manne financière colossale et craignent que les laboratoires privilégient les retombées économiques sur la santé publique. Ces inquiétudes sont légitimes et il faut les entendre.

Mais, comme l'explique le professeur Fischer, président du conseil d'orientation de la stratégie vaccinale, quelle que soit la rapidité avec laquelle les vaccins ont été développés, les agences des médicaments européenne et française n'en négligeront pas pour autant leur travail de certification. Si ces vaccins sont mis sur le marché, c'est qu'ils seront aussi fiables que ceux déjà administrés à nos concitoyens.

Une part de la population s'oppose cependant ouvertement à la vaccination. Il nous appartient de convaincre ces Français et de les responsabiliser car, comme le dit Daniel Camus, l'un des infectiologues de l'Institut Pasteur de Lille : « La personne qui ose dire : c'est ma liberté de ne pas me faire vacciner, ça veut dire qu'elle compte sur les autres pour empêcher la circulation du virus. » Il convient de susciter la confiance et d'inciter nos concitoyens, sans les y obliger, à se faire vacciner, en leur faisant comprendre que se faire vacciner est un acte citoyen : je le fais pour me protéger et protéger les autres.

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