Intervention de Emmanuel Maquet

Séance en hémicycle du jeudi 3 décembre 2020 à 21h00
Développement raisonnable de l'éolien — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuel Maquet :

Il y a donc une prise de conscience internationale. La France doit suivre ce mouvement. Nous ne pouvons accepter que notre pays soit la terre d'accueil des commerciaux de l'éolien, qui, voyant qu'ils n'ont plus de marché dans les autres pays, se précipitent chez nous avec des méthodes de lobbying contestables.

Vous l'aurez compris, il est plus que jamais temps de raisonner le développement de l'éolien dans notre pays, car c'est aussi ce que nous demandent nos concitoyens. En effet, si le développement de cette énergie a pu susciter un certain enthousiasme, l'implantation des parcs éoliens provoque des oppositions de plus en plus fortes. Pour preuve, sept projets éoliens sur dix font actuellement l'objet d'un recours devant les juridictions administratives.

Pourtant, l'ambition de porter à 15 % la production d'électricité française d'origine éolienne en 2028 supposerait de porter le nombre d'éoliennes terrestres de 8 000 en 2018 à un étiage compris entre 14 200 et 15 500 en 2028, tout en augmentant le nombre de parcs d'éoliennes en mer : toujours plus d'éoliennes alors que la contestation est toujours plus grande.

Le sujet de l'éolien offshore résume à lui seul ce décalage. La France a voulu rattraper son retard dans le domaine et a donc lancé six projets via trois appels d'offres, attribués de 2012 à 2014, et un septième projet à Dunkerque. Mais à quel prix ? Les deux premiers appels d'offres ont été lancés dans la précipitation. À la différence de ce qui se pratique ailleurs en Europe, les sites choisis l'ont été sans étude préalable. Pire, ces projets qui détruisent de nombreux habitats et espèces ont été attribués contre l'avis des professionnels de la mer et contre l'avis des populations concernées. À ce sujet, Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables, a même déclaré, devant notre commission d'enquête parlementaire, à propos d'un dossier que je connais bien, au large de ma commune : « Ce projet montre ce qu'il ne faut pas faire. »

Raisonner le développement de l'éolien en France, c'est donc commencer dès maintenant, avec pour première étape l'obligation d'installer des éoliennes à plus de 1 500 mètres des habitations pour les éoliennes terrestres d'une hauteur supérieure à 180 mètres, dans la perspective du renouvellement des parcs et de la procédure de repowering. Nous devons éloigner proportionnellement ces aérogénérateurs en fonction de la hauteur des mâts et surtout respecter l'avis des élus locaux concernés directement par l'implantation des projets.

Il est temps de prendre conscience de la part sombre du développement de la filière éolienne dans notre pays depuis plus de vingt ans ! Au regard de la réalité des faits, cette marche forcée doit cesser. La filière doit être repensée en prenant notamment en compte le désenchantement de toutes celles et de tous ceux qui en subissent les conséquences. Je vous invite donc à adopter cette PPL, qui constituerait une première réponse apportée aux Français qui souffrent de ne plus être entendus par leurs élus !

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