Intervention de Jean François Mbaye

Séance en hémicycle du jeudi 3 décembre 2020 à 15h00
Protection du peuple arménien — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean François Mbaye :

Il y a vingt-deux ans, après le vote d'une proposition de loi dans cet hémicycle, les députés ouvraient la voie à une reconnaissance française du génocide arménien, qui fut définitivement consacrée en 2001. Lorsqu'il s'agit du peuple arménien, la voix de la France résonnera toujours avec gravité, solidarité et fraternité. La France n'oubliera jamais les tragédies que ce peuple a traversées. La présence d'enfants de l'Arménie partout dans le monde et ici même, au sein de notre assemblée, nous rappelle leur exode tragique. Dans notre pays, cette conscience dépasse les clivages partisans, elle en appelle à notre coeur et à notre raison.

Mes chers collègues, le 9 novembre 2020, un accord de cessez-le-feu, conclu entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan sous l'égide de la Russie, a permis de mettre un terme à plusieurs semaines d'intenses et violents affrontements. En effet, le 27 septembre 2020, l'Azerbaïdjan avait lancé une offensive ayant pour but la reconquête des territoires du Haut-Karabakh. Très vite, la France a appelé à une cessation des hostilités et signifié sa solidarité à l'égard des populations civiles. Elle a aussi dénoncé les ingérences turques dans le cadre de ce conflit, qui ont notamment pris la forme d'une mise à disposition auprès de l'armée azerbaïdjanaise de mercenaires ayant combattu en Syrie, au sein de groupes insurgés.

La France s'est émue de nombreux témoignages faisant état de violations du droit international humanitaire et de crimes de guerre. Comme nous l'avons dit dans le cadre de la proposition de résolution déposée conjointement avec nos collègues de la majorité gouvernementale à l'Assemblée et au Sénat, nous demandons que soient engagées des poursuites à la suite de toute violation constatée du droit international humanitaire et tout constat de recours aux armes à sous-munitions et aux armes incendiaires contre les populations civiles.

De même, nous demandons le retrait total et immédiat de tous les combattants étrangers de la région – à l'exception, naturellement, des forces d'interposition et de maintien de la paix.

Nous saluons le déploiement, à la demande du Président de la République et du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, d'une mission médicale à Erevan et, dernièrement, d'un dispositif global et structuré d'aide à la population arménienne. Nos collègues de tous bords qui se sont rendus sur place en ont d'ailleurs souligné l'urgence.

Nous appelons solennellement toutes les parties à garantir l'accès de l'aide humanitaire par des couloirs dédiés. Nous invitons solennellement à la saisine du Conseil de sécurité des Nations unies afin d'assurer au plus vite une protection internationale pour le Haut-Karabakh et ses populations civiles. En outre, nous appelons à garantir la possibilité d'un retour volontaire sûr, digne, et durable des populations déplacées à l'intérieur et autour du Haut-Karabakh.

Mes chers collègues, ce conflit n'est pas religieux. La présente résolution est génératrice de confusions à ce sujet. L'Arménie entretient de bonnes relations avec certains de ses voisins musulmans, dont l'Iran. Si le concours de combattants islamistes est réel, il n'est pas pertinent d'opposer les peuples chrétiens et musulmans alors qu'existent entre eux des liens séculaires dans le Caucase du Sud, liens qu'ils souhaitent préserver.

Cette guerre est territoriale…

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.