Intervention de Alexandre Holroyd

Séance en hémicycle du mardi 20 octobre 2020 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexandre Holroyd :

La responsabilité qui nous incombe – aujourd'hui avec ce vote sur le budget 2021 et demain avec sa mise en oeuvre – est immense. Elle est immense, parce que notre pays et nos concitoyens souffrent comme jamais depuis un demi-siècle. Nous traversons depuis mars une crise sanitaire mondiale et majeure dont les effets secondaires, tout aussi graves, sont une dépression économique quasi généralisée et susceptible de muter rapidement en crise sociale brutale.

Ne nous fourvoyons pas ; ne nous perdons pas dans des débats stériles et dépassés : l'urgence nous impose de secourir notre économie, tout en protégeant nos concitoyens.

Au travers du budget sur lequel nous sommes amenés à nous prononcer, nous avons la chance d'opposer à la vague épidémique et à la déferlante des difficultés économiques une digue, celle d'une relance inégalée, celle d'un volontarisme forcené, celle de l'esprit de résilience qui définit notre république depuis trois siècles.

Cette crise touche tous les Français, les jeunes et les personnes âgées, les salariés, les étudiants, les personnes en recherche d'emploi et les retraités, les familles, les personnes seules, les urbains, les ruraux. Chaque jour, les Français se lèvent avec, pour réveil, la crainte de voir un proche touché par la maladie, la peur d'être confronté au chômage, au crédit que l'on n'arrive plus à rembourser, au glissement progressif dans la précarité.

Cette épreuve que nous traversons collectivement est inédite par son ampleur, et ses conséquences sont innombrables, pour notre pays. À circonstances exceptionnelles, budget historique. Ce budget que nous nous apprêtons à voter est d'abord un budget de mobilisation générale visant à redresser durablement notre économie.

En engageant dès maintenant la relance, nous soutenons l'investissement de nos entreprises, cet investissement qui crée des emplois, qui paye les salaires et prépare notre société aux grands défis du XXIe siècle – je pense en particulier au changement climatique.

Dès mars, le Gouvernement et le Parlement se sont mobilisés pour apporter des réponses d'urgence à nos TPE-PME, et 110 milliards d'euros ont été déployés entre mars et juillet pour sauver notre économie et protéger les plus fragiles : prêt garanti par l'État, fonds de solidarité, report de charges sociales et fiscales, chômage partiel.

Le temps est venu d'inscrire ce soutien de l'État dans un horizon plus long pour en assurer la pérennisation. Dès le 1er janvier, ce budget baissera les impôts de production de 10 milliards d'euros pour 290 000 entreprises.

En effet, les impôts de production pèsent sur les salaires, sur les investissements, donc sur les emplois de demain. C'est pourquoi, au travers de cette baisse, nous créons les conditions de la relocalisation industrielle que chacun ici appelle de ses voeux. Nous favorisons la création d'emplois sur le territoire national, nous préservons nos PME, nos ETI et nos grandes entreprises frappées de plein fouet par la crise.

Au-delà du soutien à l'emploi, nous nous devons d'accompagner tous nos concitoyens dans ce moment difficile. Les jeunes, premières victimes de la crise, bénéficieront, grâce à ce budget, de mesures dédiées visant à faciliter leur intégration sur le marché du travail. Le plan de relance permet ainsi de proposer 300 000 parcours d'insertion supplémentaires vers l'emploi. Nous faisons également le choix de renforcer les dispositifs existants, comme les garanties jeunes, le pacte d'ambition sur l'activité économique ou les parcours contractualisés d'accompagnement vers l'emploi et l'autonomie. Le Premier ministre l'a affirmé, et je le redis haut et fort : il n'y aura pas de génération covid-19 sacrifiée.

Nous ne devons pas sous-estimer la violence psychologique et sociale insupportable que la crise pourrait infliger aux plus fragiles d'entre nous. C'est pourquoi ce budget est également celui des plus modestes. 100 millions d'euros supplémentaires seront ainsi mobilisés pour renforcer les mesures d'hébergement d'urgence qui permettront aux plus démunis de se loger décemment. Les associations de lutte contre la pauvreté bénéficieront également d'une aide de 100 millions d'euros sur deux ans.

Ce budget, enfin, est également un budget de proximité. Les services publics les plus essentiels pour nos concitoyens – l'éducation, la justice, la police – verront tous une augmentation sensible de leurs moyens. Nous voulons une justice de proximité efficace ; nous lui procurons ici les moyens de remplir cet objectif. Nous voulons soutenir nos hussards noirs, ciment de notre république, a fortiori lorsqu'ils sont frappés dans leur chair, comme cela vient d'être le cas ; ce budget y contribuera.

L'année 2020 n'aura pas été comme les autres. Elle restera, pour nous et pour le reste du monde, un moment charnière, justifiant une remise à plat des dogmes et des certitudes. Aujourd'hui, c'est avec fierté que la majorité prendra ses responsabilités et votera ce texte, accompagnant ainsi notre pays et nos concitoyens dans ce moment charnière.

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