Intervention de Sophie Auconie

Séance en hémicycle du jeudi 16 juillet 2020 à 15h00
Protection des victimes de violences conjugales — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSophie Auconie :

Ce texte comporte néanmoins quelques avancées importantes. La notion d'emprise fait son entrée dans la loi : nous nous en félicitons car c'est un élément essentiel des conflits intrafamiliaux, sans lequel il est impossible de les aborder véritablement. Je regrette cependant que l'adjectif « manifeste » l'accompagne finalement, malgré les nombreux amendements déposés ici, à l'Assemblée nationale, par notre groupe, comme au Sénat.

La question de la protection des enfants est également essentielle. Dans la continuité de la loi défendue par notre collègue Aurélien Pradié, nous reconnaissons enfin que les enfants sont de réelles victimes. Par exemple, suspendre le droit de visite et d'hébergement dans le cadre d'un contrôle judiciaire apparaît comme une mesure purement technique ; elle vient, en réalité, combler une lacune et se révélera essentielle en pratique.

L'examen de ce texte a également été l'occasion d'aborder la question de la confrontation des mineurs à la pornographie. Nous saluons le dispositif innovant proposé par nos collègues sénateurs car c'est un sujet qui, à l'heure où internet est accessible partout, par tous, tout le temps, ne peut plus être mis de côté.

Comme je l'ai déjà dit, nous devons traiter ce fléau des violences conjugales à la source. Les rapports de domination que nous voyons à l'oeuvre lors de violences conjugales sont une construction sociale : la répression est certes nécessaire pour traiter les conséquences lorsque le mal est fait, mais il faut aussi et surtout de la pédagogie, de l'éducation, pour traiter le mal à la racine. Nous pouvons saturer notre droit, mais tant que les violences symboliques et le poids des imaginaires sociaux perdureront, nous serons condamnés à compter nos victimes, nos mortes.

Enfin, nous savons toutes et tous ici que promulguer une loi n'est jamais suffisant si les moyens pour l'appliquer ne sont pas au rendez-vous. Nous serons très attentifs au budget accordé dans la prochaine loi de finances. Je pense par exemple aux bracelets anti-rapprochement, dont certains départements n'ont pas été dotés par manque d'argent. Nous devons être sensibles à cet aspect : à quoi sert-il de voter des lois si elles ne sont pas appliquées parce que les moyens font défaut ?

Je salue le travail de Bérangère Couillard et Guillaume Gouffier-Cha. Le groupe UDI et indépendants votera cette proposition de loi en toute humilité et avec conviction, pour tout ce qu'elle apporte, mais nous restons conscients qu'elle ne représente qu'un volet de tout ce qu'il reste à accomplir.

Je terminerai par une citation de Saint-Exupéry : « La pierre n'a point d'espoir d'être autre chose que pierre. Mais de collaborer, elle s'assemble et devient temple. » Construisons ensemble le temple de la protection des victimes, femmes et enfants, des violences conjugales.

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