Intervention de Vincent Ledoux

Séance en hémicycle du lundi 29 juin 2020 à 16h00
Projet de loi de finances rectificative pour 2020 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVincent Ledoux :

Le groupe Agir ensemble salue la politique économique pragmatique et proactive menée par le Gouvernement durant la crise, dans un contexte inédit et d'incertitude totale. Il tient aussi à souligner le travail qui a été accompli depuis le début de cette crise en association avec le Parlement. Nous ne pouvons que souhaiter que ce travail de coconstruction des textes budgétaires entre le Gouvernement et le Parlement s'intensifie à l'occasion des débats que nous allons avoir en séance publique cette semaine. Nous, parlementaires de la majorité, comme ceux de l'opposition, offrons au Gouvernement la formidable chance de combler les trous inhérents à des dispositifs aussi importants, grâce aux informations qui nous sont remontées du terrain chaque semaine.

Ce PLFR 3 est une mouture de qualité qui permettra de maintenir et d'intensifier l'aide de l'État aux secteurs les plus touchés. Il permettra en outre d'apporter un soutien important aux collectivités territoriales et de poursuivre l'accompagnement de nos compatriotes les plus fragiles. Charnière entre la gestion de crise et l'esquisse du monde d'après, ce texte budgétaire doit porter les germes du modèle que nous voulons pour les futures générations.

Si notre groupe salue les mécanismes de soutien instaurés par ce texte, il défendra plusieurs amendements pour en renforcer la force de frappe. Cela pourrait passer par l'extension des crédits d'impôts en faveur de l'industrie phonographique et de celle des spectacles vivants, toutes deux durement touchées par la crise. Cela pourrait également passer par la prorogation des délais d'engagement, par les organes délibérants locaux, de mesures de soutien aux collectivités territoriales.

Au-delà des plans de soutien massifs et nécessaires à l'économie, la crise que nous traversons nous rappelle la nécessité de remettre le local au centre de notre nouveau modèle. Notre groupe défendra des amendements forts pour que ce constat devienne une réalité. Je pense notamment aux laits et fromages labellisés AOP qui, en dépit de la promesse du ministre de l'agriculture et de l'alimentation, n'ont pas reçu un plan de soutien spécifique qui leur permettrait de sortir d'une situation extrêmement préoccupante. Nous devons envoyer un signal fort aux artisans, indépendants et petits chefs d'entreprises qui, chaque jour, peuvent perdre le travail d'une vie si leurs recettes ne couvrent pas leurs dépenses. Nous déposerons un amendement pour que ces professionnels qui, pour raisons médicales, sont exposés à des risques accrus en cas d'infection au covid-19 puissent employer un remplaçant avec l'aide de l'État. C'est une mesure de justice sociale pour une population qui a subi la crise de plein fouet et qui doit reprendre le travail, parfois au péril de sa santé.

Repenser le local, c'est également encourager les investissements dans nos TPE et PME. De la même manière qu'il faut encourager les circuits courts de consommation, du producteur jusqu'au consommateur, nous devons faciliter les circuits courts d'investissement car nos TPE et PME en ont besoin pour survivre, grandir et faire vivre nos bassins d'emploi. Encourager l'investissement du capital dans nos petites entreprises tout en récompensant le travail, c'est l'ambition que nous souhaitons avoir. Nous proposerons dès lors la prolongation de la prime dite « Macron » jusqu'à la fin de l'année, la suppression de la taxe forfaitaire sur les CDDU, les contrats à durée déterminée d'usage, ou encore la facilitation de don de jours de congé pour soutenir les professionnels de santé. Libérons les énergies, encourageons le travail et les solidarités, afin de surmonter cette crise d'une ampleur inédite !

Repenser le local enfin, c'est transformer notre appareil productif pour que notre industrie, notre agriculture, notre artisanat continuent à être gage d'excellence tout en répondant aux défis environnementaux. Je pense notamment à l'incitation à réaliser des travaux à haute performance énergétique pour soutenir le secteur du bâtiment et des travaux publics. C'est cette écologie volontaire et non intégriste, créatrice d'emplois et de richesses que nous voulons défendre.

Mes chers collègues, si nous devons repenser notre rapport au local, la France a aussi des formidables cartes à jouer à l'international. Comment ne pas penser à la qualité de nos réseaux diplomatiques, instrument unique de développement de l'influence française dans le monde. En période de crise, nous avons besoin de souplesse et d'agilité pour suivre les lignes budgétaires qui y sont consacrées. Nous déposerons à ce sujet un amendement visant à identifier les principaux redéploiements des crédits réalisés pour soutenir les Alliances françaises ou les instituts français. Il est de notre responsabilité, en tant que parlementaires, de nous enquérir du bon usage des deniers publics, même en ces temps exceptionnels.

L'heure est grave ; la représentation nationale est au rendez-vous et notre groupe apportera ses suffrages au troisième PLFR.

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