Intervention de Guillaume Chiche

Séance en hémicycle du lundi 22 juin 2020 à 16h00
Santé au travail — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGuillaume Chiche :

Je tiens à vous remercier, chers collègues, d'avoir mis en lumière la santé au travail. Aujourd'hui plus encore qu'hier, elle est un enjeu majeur. En effet, nous avons pu constater, à l'occasion de la crise sanitaire, que notre modèle presque exclusivement fondé sur la performance économique s'était révélé souvent insuffisant. Nous devons nous interroger quant à la meilleure façon de reconstruire notre modèle économique et social, en mettant cette fois-ci l'humain au premier plan.

La santé au travail est malheureusement souvent réduite à la question de la prévention des risques auxquels les salariés peuvent être exposés. Il convient d'en avoir une vision plus globale. La santé au travail ne s'arrête pas aux risques ou à la protection des dommages, elle concerne également le bien-être physique, mental et social des salariés. L'idée selon laquelle cela incombe à l'employeur peut sembler évidente. Qui souhaiterait pour son entreprise qu'un ou plusieurs salariés présentent les signes d'un burn-out – bien que ce soit une situation fréquente ? Et pourtant, les statistiques indiquent que ce fléau existe et qu'il ne fait que s'aggraver. Derrière les chiffres alarmants, ce sont des femmes et des hommes qui sont bouleversés et brisés.

Aussi convient-il de repenser l'organisation de la santé au travail : c'est l'un des points soulevés par la proposition de résolution. Toutefois, il ne faut se contenter de rapports ; il faut exiger autre chose. Des rapports sur le sujet, il en existe, et plusieurs. Pourquoi ne pas s'emparer du sujet dès à présent et passer aux actes ?

Même chose pour la réforme que vous appelez de vos voeux. Les trois thèmes que vous avez définis sont d'une extrême importance. Vous vous engagez à faire de la santé au travail un axe prioritaire des politiques publique, à garantir un accès rapide et de qualité aux services de santé au travail, enfin à renforcer les moyens d'accès et de maintien dans l'emploi des travailleurs les plus vulnérables. Toutefois, il ne s'agit que d'un engagement à mettre en oeuvre une réforme, alors que nous, députés du groupe Écologie démocratie solidarité, tout comme une grande partie de la représentation nationale et l'ensemble de nos concitoyens, nous voulons des actes.

La réorganisation de la gouvernance et du fonctionnement des institutions chargées de la santé au travail doit être engagée très rapidement. J'ai moi-même eu l'occasion de rencontrer les représentants du service interentreprises de santé au travail dans ma circonscription des Deux-Sèvres. Ils m'ont donné des pistes de réflexion, que je suis ravi de partager avec vous.

Ils m'ont ainsi alerté concernant différents points tels que l'absence d'engouement, de la part des internes en médecine, pour un poste au sein de la médecine du travail. En effet, après tant d'années d'études, les étudiants préfèrent se destiner à autre chose qu'à la prévention en milieu professionnel. Il n'en reste pas moins que l'âge moyen des médecins libéraux, dans le département des Deux-Sèvres, est de 61 ans.

Selon les représentants du service, il serait nécessaire d'élargir les compétences des infirmiers diplômés d'État en matière de santé au travail, ce qui permettrait notamment de redistribuer les missions. Ainsi, dans le secteur tertiaire, les visites de reprise n'auraient lieu devant un médecin que lorsque l'arrêt de travail dépasse trois mois, contre un mois actuellement. Les infirmiers de santé au travail prendraient le relais pour les arrêts d'une période inférieure à trois mois.

La future négociation interprofessionnelle que vous promettez me semble nécessaire. Il faut écouter et surtout entendre ce que les principaux concernés ont à dire, surtout lorsque l'enjeu est aussi important. La santé au travail nécessite de la prévention et, surtout, du changement. L'épidémie de covid-19, par sa brutalité, nous aura empêchés de travailler de façon efficace et sereine sur la pénibilité au travail dans le cadre du projet de loi instituant un système universel de retraite, et c'est bien regrettable.

Malgré les nombreuses remarques que j'ai pu faire, les députés du groupe EDS voteront la proposition de résolution, espérant que l'ensemble des salariés bénéficieront très vite d'une meilleure protection de leur santé au travail.

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