Intervention de Sophie Auconie

Séance en hémicycle du lundi 22 juin 2020 à 16h00
Santé au travail — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSophie Auconie :

Notre groupe, et particulièrement mon collègue Francis Vercamer – qui nous quitte pour de nouvelles aventures en tant que maire et dont je salue l'engagement dans sa commune – , plaide depuis longtemps pour une meilleure prise en considération de la prévention dans nos politiques de santé.

La santé au travail figure évidemment parmi les priorités en matière de prévention tant le travail, lieu de vie au quotidien pour les Français, est parfois source de souffrances. Notre pays reste malheureusement à la traîne sur ce sujet essentiel alors qu'il est urgent d'avancer, comme vous l'avez très bien indiqué, madame Lecocq, pour que les maladies professionnelles soient mieux prises en considération et en vue d'améliorer la qualité de vie au travail pour l'ensemble des actifs.

Le groupe UDI et indépendants salue par conséquent l'inscription à l'ordre du jour de l'examen de la présente proposition de résolution, dont notre collègue Charlotte Lecocq est à l'initiative. La santé au travail constitue bel et bien un défi pour notre marché du travail, d'autant plus que le vieillissement de la population a des implications profondes, puisqu'il engage le maintien en activité d'une part croissante de seniors et affecte la qualité de vie de millions de salariés.

Les mutations du travail recèlent stress et incertitude. Le télétravail, que notre pays a découvert massivement ces derniers mois, est ainsi profondément ambivalent. Il peut être très bien vécu par le salarié et permettre une meilleure conciliation entre vie privée et professionnelle, mais, à l'inverse, en occasionnant parfois une confusion et des contraintes horaires supplémentaires, il peut aussi dégrader la qualité de vie au travail. Il est donc temps de prendre cette question à bras-le-corps, et je vous félicite, madame Lecocq, de l'avoir fait.

L'avenir des services de santé au travail et de notre médecine du travail constitue un premier défi. La profession de médecin du travail, qui connaît une pénurie alarmante, doit être revalorisée dès les études médicales. Pourquoi ne pas réfléchir, en concertation avec les professionnels de santé, à un élargissement du droit de prescription des médecins du travail dans un but curatif ? Il faut sortir des logiques de silo et développer les passerelles entre le monde du travail et la médecine de ville. Notre groupe avait d'ailleurs défendu l'idée d'une visite médicale obligatoire en fin de carrière, en liaison avec le médecin traitant, pour les métiers porteurs de risques. S'agissant de l'exposition professionnelle à certains risques, chimiques par exemple, l'expertise du médecin du travail permettrait d'améliorer le suivi de l'état de santé des salariés et pourrait être davantage mise à contribution.

À propos du problème de la pénibilité, de manière générale, il faut faire preuve d'humilité et admettre que nous n'avons pas encore trouvé la bonne solution. La difficulté majeure réside dans la bonne prise en considération de ce facteur et du risque associé. Le compte professionnel de prévention, qui a remplacé le C3P, le compte personnel de prévention de la pénibilité, depuis les ordonnances travail, ne constitue certes pas la panacée et doit probablement être revisité. Il faut cependant aussi admettre que le C3P était trop complexe à appliquer pour les petites entreprises. Nous devons donc remettre l'ouvrage sur le métier. Nous sommes à votre disposition pour prendre part à cette réflexion.

Ce travail doit impérativement passer par la négociation collective et par des accords de branche. Sur ce sujet brûlant, il ne faudrait pas revivre la séquence d'il y a quelques mois. L'association des partenaires sociaux devrait constituer un préalable si jamais le Gouvernement décidait de remettre à l'ordre du jour la réforme des retraites. Alors que notre pays se remet à peine de la pandémie de covid-19, il est plus que jamais nécessaire d'être à l'écoute des forces vives du pays.

Nous considérons enfin que l'évolution des formes d'emploi doit faire partie intégrante des réflexions sur la santé au travail. Je pense notamment à l'ubérisation de certaines professions et à la question spécifique du statut des travailleurs des plateformes – une situation souvent synonyme de précarisation et de droits sociaux amoindris, et qui ne doit pas être laissée de côté.

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