Intervention de Sereine Mauborgne

Séance en hémicycle du mardi 26 mai 2020 à 15h00
Droits des travailleurs et accompagnement des familles après le décès d'un enfant — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSereine Mauborgne :

ainsi que les associations Grandir sans cancer, Mieux traverser le deuil, SOS Préma et tant d'autres pour leurs témoignages et leurs contributions essentiels. En effet, les parents endeuillés sont les héritiers de la force de vie de leur enfant parti trop tôt, des militants de la vie, soucieux que leur expérience puisse profiter à toutes les familles confrontées à pareille épreuve pendant la maladie et dans le deuil.

Ainsi, sept articles ont été ajoutés au texte voté par notre assemblée en première lecture, et le titre en a été modifié à l'initiative de la sénatrice Élisabeth Doineau, que je tiens à saluer ici, afin de préciser notre ambition d'améliorer les droits des travailleurs et l'accompagnement des familles après le décès d'un enfant. L'article 1er précise désormais que tous les travailleurs, salariés du privé, fonctionnaires ou indépendants, bénéficieront de quinze jours d'absence fractionnables ; l'article 2, introduit par notre assemblée, étend les dispositions de la loi dite Mathys aux parents qui perdent un enfant ; les articles 3, 4 et 5 fixent l'accompagnement financier des familles ; l'article 6 pose le cadre d'une expérimentation permettant la prise en charge psychologique des parents, des frères et soeurs de l'enfant décédé. Et je salue le réalisme dont a fait preuve le Gouvernement en prenant en compte toutes les situations familiales, y compris les familles recomposées.

Ainsi, l'esprit de ce texte semble laisser aux familles un large éventail de possibilités et de souplesse, afin de désempierrer ce si dur chemin qu'elles ont à parcourir.

Mes chers collègues, avec un vote conforme et à l'unanimité, nous aurions la fierté que tous les membres du Parlement et, à travers eux, le peuple français, les associations et les intellectuels aient coconstruit ce texte et choisi d'accompagner les parents vers un droit plus juste et plus réaliste, et qui appelle à nouveau à utiliser les bandes passantes des réseaux sociaux pour que, de ce vote, nous fassions une action solidaire.

À titre personnel, je regrette que les opérateurs funéraires, qui ont participé à de nombreuses réunions, n'aient finalement pas fait de propositions concrètes pour accompagner ces dispositions. J'espère qu'ils se joindront très prochainement à cet élan national en faveur des familles endeuillées.

Mais, comme l'écrivait Philippe Forest, la loi n'a pas qu'une portée pratique : elle a également une dimension symbolique. Je sais, monsieur le secrétaire d'État, que vous travaillez actuellement à la manière de faire figurer les enfants disparus sur les documents administratifs des parents. Pour ma part, j'ai entamé avec Éric Orsenna, de l'Académie française, un travail de réflexion pour trouver un nom aux parents endeuillés, car, si l'on trouve dans la lecture enfantine un fameux personnage dont il ne faut pas prononcer le nom, la langue française a également oublié de nommer l'indicible.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.