Intervention de Olivier Becht

Séance en hémicycle du mercredi 20 mai 2020 à 15h00
Débat sur l'opportunité d'une quatrième révolution industrielle écologique et numérique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlivier Becht :

Je remercie le groupe MODEM et apparentés d'avoir programmé ce débat à l'occasion de la semaine de contrôle. La crise sanitaire que nous sommes en train de vivre n'est que la partie émergée de l'iceberg, la partie immergée, hélas bien plus grande, étant la crise économique et sociale que nous allons traverser, peut-être la plus forte que nous aurons à connaître, dans la période contemporaine, depuis la crise de 1929. Dans notre malheur, nous avons le devoir de saisir la chance offerte par les plans de relance – ceux des États comme celui annoncé hier – destinés à contrer la crise, grâce auxquels vont être injectés des milliers de milliards d'euros dans la machine économique à l'échelle européenne. La question est de savoir quel sens nous allons donner à l'argent que nous allons dépenser. Nous pouvons faire en sorte qu'il contribue à l'avènement d'un nouveau modèle économique, social et environnemental, d'un projet de société qui redonne à nos sociétés ce dont elles ont le plus besoin dans le contexte actuel : l'espoir.

Ce nouveau modèle économique, social et environnemental, qu'il nous faut bâtir autour de l'humain et de la planète, doit, à notre sens, obéir à quatre priorités.

La première, évidemment, ce sont les énergies renouvelables. Nous devons renforcer la recherche sur les énergies de demain : nous ne sommes finalement qu'au XXIe siècle et nous ferions preuve d'humilité en supposant que toutes les énergies n'ont pas encore été découvertes. Il faut donc mettre le paquet pour parvenir, au cours du siècle, à trouver les énergies qui prendront réellement le relais des combustibles fossiles.

La deuxième priorité, c'est la planète, c'est-à-dire l'environnement, notre rapport à l'homme, mais également à la biodiversité. Il faut faire en sorte que nous puissions continuer à produire – nous sommes partisans de la croissance et non de la décroissance – , mais dans le cadre d'une économie circulaire qui permette le recyclage de l'ensemble des produits. En effet, on ne pourra pas continuer indéfiniment à puiser dans la planète des matières premières dont certaines vont se tarir à l'horizon de ce siècle ; il faut donc faire en sorte que tout soit recyclable.

La troisième priorité, c'est bien sûr le numérique – qu'il s'agit de mettre au service de l'homme et de la planète. M. Balanant l'a dit et nous y reviendrons : nous devrons lever une contradiction. En effet, le numérique est consommateur d'énergie. Ainsi, le simple fait d'envoyer un courriel avec une pièce jointe implique une consommation d'énergie équivalente à celle d'une ampoule allumée pendant une heure ; peu de gens le savent mais c'est une réalité. Pour réussir cette révolution numérique, il nous faudra également nous doter des industries qui la permettront ; or, au niveau européen, force est de constater que nous n'avons ni les GAFAM – Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft – américains ni les BATX – Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi – chinois. Nous devons aujourd'hui bâtir une souveraineté numérique européenne pour disposer demain d'une sorte d'Airbus du numérique qui permette à l'Europe de jouer, dans ce domaine, dans la cour des grands et de mettre vraiment, comme le disait Joaquim Pueyo, le numérique au service de l'humain.

Enfin – on le voit bien en ce moment – , la quatrième priorité, c'est la santé. Il faut faire en sorte que le numérique soit également au service de cette dernière, notamment à travers les applications qu'on mettra au service de toutes les générations. Je pense tout particulièrement au papy-boom à venir, qui pose la question de la dépendance et du maintien à domicile des personnes âgées. Là aussi, la révolution numérique peut nous servir.

Voilà les quatre priorités qui nous semblent devoir déterminer un nouveau modèle économique, social et environnemental. Nous vivons une période historique : une partie de notre économie est hélas en train de s'effondrer, mais nous avons la possibilité de bâtir ce nouveau modèle, de dessiner un projet de société qui redonne espoir.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.