Intervention de Edouard Philippe

Séance en hémicycle du mardi 5 mai 2020 à 15h00
Questions au gouvernement — Organisation du déconfinement

Edouard Philippe, Premier ministre :

Monsieur le président Vigier, j'ai indiqué que nous ne pourrions trouver de solutions pratiques qu'en faisant confiance aux acteurs de terrain, dans le respect de la doctrine sanitaire – car croyez bien que si nous ne formulions pas de doctrine sanitaire, les critiques seraient au moins aussi nombreuses que celles que nous entendons aujourd'hui sur le fait qu'elle serait trop stricte. Nous avons donc fixé une doctrine sanitaire et essayé de répondre aux questions qui se posent le plus souvent.

Comme les ministres peuvent en témoigner, j'ai dit aux préfets et aux responsables de l'éducation nationale qu'il convenait de s'accorder localement sur les mesures les plus adaptées correspondant à l'esprit dans lequel nous avons indiqué qu'il fallait travailler.

Reconnaissez avec moi que certains des aspects de votre question sont intéressants. Vous me dites que dans les EHPAD ne s'appliquerait qu'une solution univoque. Mais, monsieur Vigier, ce n'est pas le Gouvernement qui détermine comment s'organisent, partout dans les EHPAD, les rencontres qu'il a autorisées ! Ce sont les directeurs des établissements qui prennent leurs responsabilités en disant ce qui est possible et ce qui ne l'est pas. Parfois, ils préfèrent que les réunions aient lieu à l'extérieur car cela leur paraît limiter les risques, et je les entends : faire confiance aux acteurs, c'est aussi leur dire que, lorsqu'ils prennent des décisions, ils ne se trompent pas !

Il existe certes des directives générales – que, du reste, ils demandent parfois eux-mêmes. Mais je ne pense pas qu'on puisse considérer qu'il est de la responsabilité du Gouvernement de donner des contraintes féroces aux directeurs d'EHPAD – qui obéissent d'ailleurs à de nombreux statuts différents – quant au déroulement des rencontres. Nous n'avons pas envoyé de protocole détaillé : au contraire, nous avons dit qu'il était important qu'il y ait des visites, mais également qu'elles soient très encadrées pour éviter un risque considérable. On ne peut pas dire autre chose.

Les directeurs d'EHPAD prennent donc leurs responsabilités. On trouve parfois qu'ils vont trop loin, parfois pas assez – l'appréciation est délicate – mais nous pouvons, vous comme moi, leur faire confiance pour trouver les bonnes solutions. Ils ont montré, dans la quasi-totalité des cas, et même dans la totalité, leur souci de faire face à une situation redoutablement complexe avec des personnes évidemment très fragiles. Nous pouvons leur reconnaître la capacité d'adaptation et d'interprétation. S'ils prennent parfois trop de mesures pour garantir la sécurité, ils le font parce qu'ils ont traversé un moment très difficile avec des personnes très fragiles. Même si vous ou certains pensent qu'ils pourraient aller un peu plus vite, on peut aussi, de bonne foi, se dire qu'ils n'ont pas tout à fait tort d'être encore plus prudents que ce dont, peut-être, ils pourraient se contenter.

Pour ce qui est de la capacité locale à se mettre d'accord, je maintiens ce que nous avons dit. Certes, des éléments de doctrine ont été formulés à propos de la reprise des écoles, et certes il y a des endroits où les maires et les directeurs d'école trouvent tout cela très difficile, mais reconnaissez avec moi qu'il y a aussi un très grand nombre d'endroits où les adjoints au maire chargés de ces questions, les directeurs d'école et les fédérations de parents d'élèves essaient de trouver le bon système.

En résumé, il ne faut pas dire que cette reprise ne doit avoir lieu nulle part sous prétexte qu'elle ne serait possible qu'à certains endroits. Il est possible, dans beaucoup d'endroits, de trouver les bonnes solutions. Lorsqu'elles seront trouvées, il y aura des retours à l'école, et chacun de ces retours sera une bonne nouvelle. Peut-être, dans certains endroits, cela sera-t-il un peu plus difficile, peut-être y aura-t-il un peu plus d'angoisse, et peut-être même parfois – je le dis très prudemment, car cela sera infiniment résiduel – cette angoisse pourrait-elle presque se traduire par de la mauvaise volonté. Je ne peux pas exclure que cela arrive parfois, dans une infinie minorité des cas. Mais je pense que partout, on arrivera à trouver la solution pour rouvrir les écoles et que chaque retour à l'école sera une bonne nouvelle pour les enfants concernés et pour notre pays.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.