Intervention de Éric Woerth

Séance en hémicycle du vendredi 17 avril 2020 à 9h00
Projet de loi de finances rectificative pour 2020 — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Woerth, président de la commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire :

Votre position est évidemment très argumentée, monsieur Mélenchon, mais j'ai ma propre opinion sur la façon de sortir de la crise, sans certitude ; nous en discuterons en profondeur le moment venu.

La priorité reste la reprise économique. Sans reprise économique, nous serons tellement morts que nous aurons bien du mal à aborder les sujets que vous évoquez. Pendant et après le soutien à l'économie auquel ce texte contribue, l'étape essentielle consiste à préparer attentivement la reprise. C'était le sens de mon intervention précédente.

Quant à la dette, ce n'est pas une notion purement poétique. Elle existe, il y a des prêteurs, des marchés, une grande imbrication entre les acteurs. On peut sans cesse remettre en cause ce fonctionnement mais la dette française, comme celle de la plupart des pays, est déjà pratiquement éternelle. Qui rembourse les dettes ? Personne. Elles sont refinancées, c'est un peu différent.

La dette est tellement considérable qu'elle empêche l'ensemble de la société de progresser, pour une raison simple : derrière, il y a l'enjeu de la confiance. Or l'économie est d'abord affaire de confiance : on accepte ou non de se prêter de l'argent, de vendre, d'acheter. La croissance de la dette, lorsqu'elle atteint un point qui n'est pas scientifiquement déterminé, a pour effet de rompre cette confiance ; toute rupture de dette crée une rupture de confiance qui peut être très négative.

Inventer autre chose, je ne suis pas contre, on peut essayer, on n'est pas obligé de repartir exactement comme avant. Je suis un fervent partisan de la mondialisation, à condition qu'elle soit vécue autrement. La crise sanitaire, la crise écologique voire le développement du numérique appellent des réponses mondiales – il ne peut y avoir de réponse française – , dans le cadre d'une mondialisation sans doute plus mature, différente, on peut l'espérer. Ces débats auront lieu à la sortie de la crise et il est bon de les préparer, mais je souhaite d'abord que le Gouvernement réponde aux questions fondamentales sur les conditions de la reprise.

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