Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du jeudi 19 mars 2020 à 16h00
Projet de loi de finances rectificative pour 2020 — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Nous avons prévu beaucoup de dépenses : il faut beaucoup de recettes. Le groupe La France insoumise a d'abord proposé de les prélever là où nous estimons qu'il y a de quoi prendre : parmi ceux qui possèdent le plus notamment. Le recours au financement public extérieur est également envisageable, en l'occurrence par l'intermédiaire de la Banque centrale européenne. Celle-ci a décidé de consacrer 750 milliards d'euros au rachat des titres de dette des banques privées. Une nouvelle fois, la Banque centrale européenne achète du papier incertain et fournit de l'argent frais à des banques, afin qu'elles puissent prêter. La conséquence sera un ralentissement général, car il s'agit d'un circuit extrêmement lent. Comment le savons-nous, comme nous savons qu'une partie de cette somme se volatilisera ? Parce que nous en avons déjà fait l'expérience. La Banque centrale a distribué en dix-huit ou dix-neuf mois l'équivalent du PIB de la France à l'ensemble des banques privées, déjà pour leur racheter des titres de dettes. Si cet argent avait financé la production, à raison de 85 milliards d'euros par mois, on aurait observé un effet inflationniste, provisoire, le temps que les contreparties matérielles soient produites. Or il ne s'est strictement rien passé. Après le coup de grisou que les bourses viennent de connaître, nous avons la certitude que les banques, en particuliers européennes privées, astreintes aux accords de Bâle III, qui imposent des réserves bancaires équivalentes à 7 % des encours, vont naturellement rétablir les équilibres de leurs comptes à l'aide de cet argent, qui n'arrivera pas dans les comptes des particuliers ni des entreprises.

Concernant les États, la règle du 3 % de déficit a été levée tout soudain, ce qui montre qu'elle n'avait pas les vertus magiques qu'on lui prêtait. Notre pays a besoin d'argent. Faute d'argent nous sommes conduits à prendre des décisions qui ne sont pas les bonnes. Il y a moins d'un quart d'heure, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France a annoncé que les masques livrés ne correspondaient pas au modèle demandé. Et ainsi de suite : vous verrez comment les rognures à la marge empêchent l'efficacité de l'action.

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