Intervention de Barbara Pompili

Séance en hémicycle du jeudi 9 janvier 2020 à 9h00
Débat sur le projet hercule

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBarbara Pompili :

J'associe à ma question ma collègue Émilie Cariou, membre de la commission des finances et de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, elle aussi préoccupée par les questions de finances et de transparence de l'électricien national.

Après la restructuration d'Areva et les nombreux déboires de la filière nucléaire et dans un contexte de fort ralentissement de l'industrie nucléaire dans le monde, l'entreprise EDF étudie aujourd'hui une nouvelle organisation visant à séparer deux entités, EDF Bleu et EDF Vert.

Outre les objectifs d'adaptation des réseaux et de développement des énergies renouvelables, EDF et son parc nucléaire font aujourd'hui face à de nombreux défis, qui ont été exposés.

Le montant de la dette s'élève actuellement à 37 milliards d'euros, auxquels il faut encore ajouter des dizaines de milliards d'euros de dette obligataire. Certains considèrent que ce sont des sommes négligeables ; ce n'est pas mon cas.

Les coûts globaux des EPR d'Hinkley Point et de Flamanville ont été revalorisés à la hausse, et atteignent respectivement 24 et 12,5 milliards d'euros, ce qui pose la question du financement.

Le coût des travaux du grand carénage était initialement évalué à 55 milliards d'euros par EDF ; la Cour des comptes estime qu'il en faudra le double, ce qui porterait ce montant à 100 milliards d'euros.

Les retours d'expérience ont montré que les estimations françaises des dépenses de démantèlement étaient très en deçà de celles proposées à l'étranger, qui en représentent environ le double. Rappelons qu'au cours des vingt prochaines années, il faudra démanteler les cinquante-huit réacteurs.

Dans son rapport de juillet 2019 sur l'aval du cycle du combustible nucléaire, la Cour des comptes rappelait en outre l'urgence de mettre à jour les estimations du coût du projet Cigéo – centre industriel de stockage géologique – , qui varient entre 25 et 70 milliards d'euros. De même, la Cour rappelle qu'il est urgent de réévaluer la pertinence de certaines stratégies industrielles, telles que le recyclage des combustibles.

Avant toute évolution de l'entreprise EDF, il apparaît donc indispensable de procéder à une évaluation exhaustive de sa situation, qui a des répercussions sur les finances publiques, et donc sur nos concitoyens. Est-il prévu de mettre à jour les évaluations financières du coût des enjeux auxquels doit faire face EDF ? Si oui, à quelle échéance ?

Par ailleurs, à l'heure du bilan de cette situation financière qui peut être qualifiée de catastrophique, il faut impérativement s'interroger : en quoi ce projet de scission et cette reprise en main par l'État pourraient-ils améliorer la gestion de notre parc nucléaire ?

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