Intervention de Agnès Buzyn

Séance en hémicycle du jeudi 9 janvier 2020 à 9h00
Questions sur l'efficacité des mesures prises pour lutter contre la désertification médicale

Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé :

Madame Fiat, je vous remercie de votre question, qui me permet de clarifier mon avis sur la télémédecine. Le site internet que vous évoquez est un dévoiement absolu non seulement de la télémédecine, mais de la médecine tout court. Les malades s'y connectent dans le seul but d'obtenir un arrêt de travail. En principe, un médecin auscultant un malade se penche sur ses symptômes et décide s'il y a lieu ou non de lui prescrire un arrêt de travail.

Sitôt informée, j'ai demandé à mes services de déposer un recours en justice contre ce site internet. La CNAM l'a fait hier, et l'ordre des médecins s'est également saisi du sujet. Nous devons déterminer les moyens juridiques de mettre un terme à cette dérive. Il s'agit d'un dévoiement de ce que doit être une consultation médicale, d'autant plus que, si le site internet est allemand, les médecins qui prescrivent des arrêts de travail en France sont français.

C'est exactement la raison pour laquelle je refuse que la CNAM rembourse les consultations de télémédecine hors d'un réseau régional agréé par l'agence régionale de santé – ARS – , qui s'inscrit pleinement dans le parcours de soins des patients. Je souhaite déployer la télémédecine et j'ai tout fait pour accélérer son développement, mais au niveau local.

Ainsi, les malades ont accès à leur médecin traitant ou au médecin d'une CPTS ou d'une maison de santé pluriprofessionnelle, dans le cadre d'un parcours de soins coordonné, au sein de leur région, de sorte que le dossier du malade est connu des médecins.

Je ne souhaite en aucun cas le développement d'une télémédecine anonyme, disponible sur des sites internet, où chacun irait chercher de la médecine comme s'il s'agissait d'un bien de consommation courante. Telle n'est pas ma vision de la médecine de qualité. C'est pourquoi j'ai repoussé de nombreux amendements au projet de loi santé visant à généraliser le remboursement de la téléconsultation, fût-elle assurée par des médecins installés dans d'autres pays européens, voire ailleurs.

Je demeure fidèle à mon engagement. Nous devons déployer la télémédecine, qui permet d'éviter de nombreux déplacements inutiles et offre des services considérables. Je suis également favorable au développement du télésoin pour les autres professions de santé. Toutefois, tout cela doit être réalisé à l'échelon local.

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