Intervention de Jean-Paul Lecoq

Séance en hémicycle du mardi 3 décembre 2019 à 15h00
Lutte contre l'antisémitisme — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

… amalgame entre l'appel au boycott et le rappel du droit international pour justifier l'expulsion d'un responsable d'ONG.

Fort de cette impunité, Benjamin Netanyahou repousse les limites toujours plus loin. Cette résolution semble marquer une nouvelle étape car, en l'adoptant, l'Assemblée nationale assénerait deux coups de hache à nos principes républicains les plus fondamentaux.

Premièrement, vous proposez de voter la définition d'une catégorie du racisme : l'antisémitisme. Aussi abject soit-il, l'antisémitisme ne peut relever, d'un point de vue judiciaire et juridique, que du racisme. Or les lois françaises criminalisent toutes les formes de racisme. Depuis la loi sur la liberté de la presse de 1881 jusqu'à la loi, dite Gayssot, de 1990 tendant à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe, en passant par celle de 1972 relative à la lutte contre le racisme, ces lois offrent des outils judiciaires pour lutter contre le racisme et permettent d'organiser la liberté d'expression en France.

Bien évidemment, les députés communistes et leurs collègues du groupe GDR ne peuvent que s'associer à votre indignation à propos des profanations de sépultures, des inscriptions antisémites ou des agressions voire des meurtres de cette nature. Ces actes ne sont pas acceptables et ne le seront jamais. D'ailleurs, dans l'histoire de France, la relation entre juifs et communistes se caractérise par le sang mêlé et les souffrances partagées.

Mais tous ces crimes, discriminations ou agressions ont fait l'objet de procès justes et les victimes ont pu obtenir réparation – si toutefois celle-ci est possible. Lorsque l'antisémitisme se cache derrière l'antisionisme, notre justice le démasque. Cette résolution ne sera par conséquent d'aucune utilité pour les magistrats. Pire : elle fragilise ce que la CNCDH a appelé « l'approche universelle et indivisible du combat antiraciste ».

Si on ajoute aujourd'hui une définition de l'antisémitisme, que diront demain les victimes des autres types de racisme ? Devrons-nous catégoriser toutes les sortes de racisme ?

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