Intervention de Elsa Faucillon

Séance en hémicycle du mardi 3 décembre 2019 à 15h00
Questions au gouvernement — Femmes et enfants sans abri

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaElsa Faucillon :

« Comment peuvent-ils dormir ? » C'est la question que se pose, dans Les Échos de ce dimanche, celui qui a incarné à l'écran un syndicaliste en lutte ou un maître-nageur venant en aide à un jeune Kurde. Cette question s'adresse à toutes celles et tous ceux qui ont saboté les services publics et spolié les solidarités. Mais votre sommeil n'est pas ma question.

À Paris, 700 enfants en famille sollicitent chaque jour un hébergement au SAMU social en appelant le 115. Cette année, 146 bébés sont nés dans la rue, contre 100 en 2018 et 49 en 2017. Dans notre pays, des hommes et des femmes meurent dans la rue ; dans notre pays, des bébés poussent leur premier cri sur le bitume.

Nous assistons à une augmentation historique du nombre de femmes enceintes et de nourrissons sans abri. Ces faits sont glaçants. Il s'agit d'une crise humanitaire. Les femmes sans abri représentent 38 % des sans domicile fixe. L'isolement des mamans qui dorment dehors met indéniablement leur vie en danger, ainsi que celle des nouveau-nés : il peut provoquer la mort de l'enfant. Les séjours à la rue s'accompagnent d'autres tragédies : le froid, la sous-nutrition, les maladies et les viols.

Il y a un an déjà, nous tirions la sonnette d'alarme dans les Hauts-de-Seine, car, devant la gravité des situations constatées, des critères de vulnérabilité avaient été activés, mettant en concurrence la précarité et la misère de gens qui, pour beaucoup d'entre eux, travaillent et tentent de scolariser leurs enfants. Le réseau de solidarité est à bout de souffle. Les personnels hospitaliers, déjà débordés, ne peuvent prendre dignement en charge ces personnes qui trouvent refuge la nuit dans les salles d'urgence.

Il y a quelques jours, nous avons célébré les trente ans de la Convention internationale des droits de l'enfant. Vous engagez-vous à respecter le principe 4 de la Déclaration des droits de l'enfant qui revendique pour chaque enfant le droit à un logement, quelle que soit sa nationalité ?

Ma question n'est pas « Comment peuvent-ils dormir ? », mais « Où vont-ils dormir ? »

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