Intervention de Charles de la Verpillière

Séance en hémicycle du mercredi 30 octobre 2019 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2020 — Défense ; anciens combattants mémoire et liens avec la nation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCharles de la Verpillière :

Le groupe Les Républicains constate avec satisfaction que le budget 2020 de la défense respecte la trajectoire inscrite dans la loi de programmation militaire 2019-2025 : ainsi les crédits de paiement sont-ils en hausse de 4,5 %, à 37,5 milliards d'euros, représentant 1,86 % du PIB.

Cependant, les travaux menés en commission n'ont pas répondu à certaines de nos interrogations. Concernant la fin de gestion 2019, nous n'avons obtenu aucune assurance quant au déblocage des crédits mis en réserve cette année-là, particulièrement pour les programmes 146 et 178, ce qui nous fait craindre un important report de charge en 2020. De même, rien ne garantit que le surcoût des opérations extérieures de 2019 sera cofinancé par les autres ministères.

Le budget 2020, lui-même, n'est pas exempt de critiques. L'augmentation des crédits de paiement ne sera pas, en réalité, de 4,5 %, comme annoncé, mais de 3 % compte tenu de l'inflation. À 37,5 milliards d'euros, ce budget sera inférieur à celui de la Grande-Bretagne et même à celui de l'Allemagne, qui n'a pourtant pas de composante nucléaire, alors que notre armée est, de toute évidence, bien davantage engagée.

La forte augmentation de la provision relative aux opérations extérieures et aux missions de sécurité intérieure, qui passe à 1,1 milliard d'euros, nous laisse dubitatifs : le budget y gagne en sincérité, mais la possibilité de faire appel aux autres ministères pour financer le surcoût diminue d'autant.

Enfin, le flou persiste au sujet de la contribution que le budget de la défense ou celui des anciens combattants apportera ou non au service national universel.

Au-delà du budget 2020, il nous semble que la détérioration de la situation internationale, beaucoup plus rapide que ne le prévoyait la revue stratégique, doit conduire notre pays à amplifier son effort de défense sans attendre les échéances fixées par la loi de programmation militaire 2019-2025. Cette proposition est fondée sur cinq constats inquiétants : la multiplication des crises et leur intensité croissante, alors que des pays de plus en plus nombreux s'équipent lourdement d'armements sophistiqués ; la persistance de la menace terroriste ; l'attitude des États-Unis, qui peut parfois nous amener à douter de l'alliance Atlantique ; l'affaiblissement des traités internationaux et du multilatéralisme ; enfin, une politique de défense européenne au point mort.

Ce dernier constat, madame la ministre, se vérifie particulièrement en matière industrielle : les arbitrages concernant les deux grands programmes d'armement franco-allemands – le système de combat aérien du futur et le char du futur – n'ont toujours pas été rendus.

Ainsi, le risque grandit que la France soit engagée dans un conflit de haute intensité avant que la loi de programmation militaire ait porté ses fruits. Lors de l'examen de la LPM, nous avions déjà dénoncé le fait que l'essentiel de l'effort serait fourni à partir de 2023, avec des livraisons échelonnées jusqu'en 2030 : trop peu, trop tard, pour affronter un conflit majeur !

Pour ces raisons, les députés Les Républicains ne pourront voter en faveur du budget 2020 de la défense.

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